La Grande-Bretagne veut casser la puissance de la grande distribution

Il aura fallu deux longues enquêtes de la Commission sur la concurrence étalées sur dix ans, un bras de fer entre les supermarchés et leurs fournisseurs, et une difficile bataille politique pour que ça bouge. Mais, au final, un médiateur officiel entre supermarchés et producteurs verra le jour en Grande-Bretagne en 2012.Annoncée en août par le gouvernement conservateur, cette décision résulte d'années de tensions. Dès 2000, la Commission sur la concurrence lançait une première enquête qui débouchait sur la création d'un code de bonne conduite des supermarchés vis-à-vis de leurs fournisseurs. Mais ces derniers continuaient à se plaindre. La commission a alors mené une deuxième enquête, conclue en 2008, qui recommandait la création d'une médiation. Après hésitations et consultations, le gouvernement britannique a finalement tranché en août : le médiateur sera créé. Il fera partie de l'Office of Fair Trading, l'organisme chargé du respect des pratiques commerciales. Mais ses compétences précises, et surtout ses pouvoirs de sanction, restent à définir.L'irruption d'un tel médiateur dans un Royaume-Uni qui prône l'autorégulation vient de l'extrême domination des supermarchés : deux tiers des ventes d'épicerie s'effectuent via quatre enseignes (Tesco, Asda, Sainsbury's et Morrisons). Les producteurs se plaignent depuis longtemps de leurs pratiques abusives : pressions sur les prix, changements des conditions du contrat au dernier moment - voire de façon rétroactive ! -, transferts des risques pour que les coûts inattendus reviennent aux producteurs plutôt qu'aux supermarchés...Producteurs essorésDeux exemples montrent le pouvoir des grandes surfaces britanniques. Le premier concerne le prix du litre de lait : sur la décennie, la hausse a été essentiellement empochée par les supermarchés, selon une enquête de la commission en 2008. Les producteurs de lait, la principale filière agricole britannique, ont touché en moyenne 18 pence par litre tout au long de la décennie 2000 tandis que la part des supermarchés a doublé, de 8 à 15 pence. Autre exemple avec les producteurs de fruits. Leur part sur les profits a régulièrement reculé, selon la commission. Elle est passée de 45 % en 1995 pour les pommes et 35 % pour les poires, à seulement 30 % pour ces deux fruits en 2006. Éric Albert, à Londre
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