Il faut sauver la Bourse de Paris !

J\'ai été un de ceux qui, hélas trop rares à l\'époque, se sont opposés publiquement à la prise de contrôle par la Bourse de New York de notre Bourse de Paris. La Tribune m\'avait ouvert ses colonnes en février 2008, m\'offrant l\'occasion de dénoncer le risque de disparition de notre place financière. Il m\'apparaissait alors en effet évident, que cette opération mettrait en danger l\'ensemble de notre écosystème de financement, avec en perspective un risque plus lointain mais réel, de perte de souveraineté pour notre pays. En signe de \"résistance\", et puisque la très grande majorité des acteurs de la Place avait décidé de débaptiser notre Bourse de Paris en Nyse-Euronext, je déposais la marque Paris Stock Exchange à l\'Institut national de la propriété intellectuelle (Inpi).Moins d\'une décennie plus tard, où en sommes-nous des espoirs de cette fusion de Wall Street avec Euronext, annoncée \"entre égaux\", et de l\'apport de la marque NYSE sur le développement de notre cote? Presque nulle part: d\'année en année, le nombre de valeurs cotées à Paris diminue, le renouvellement des valeurs ne parvenant pas à endiguer les disparitions et radiations. Et les successeurs des Xaviel Niel et autres Marc Simoncini ont, sans le concours du Marché, bien du mal à émerger.La place, inexorablement, semble se vider de son sang et les échecs cuisants mais prévisibles, du Nouveau Marché puis d\'Alternext, et leurs dégâts sur l\'épargne publique, n\'ont évidemment rien arrangé, entraînant, au plus mauvais moment, la disparition de plusieurs centaines de milliers d\'actionnaires individuels.La Bourse de Paris, poumon de notre économie françaiseDans ce contexte, l\'annonce de l\'OPA amicale de l\'ICE d\'Atlanta sur Nyse-Euronext, avec en prime une possible cession ou un démantèlement d\'Euronext, est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle. Une bonne nouvelle, car elle sonne probablement la fin d\'une tutelle américaine sur le poumon de notre économie. Une mauvaise nouvelle, car la Bourse de Paris, à défaut de disparaître, risque de devenir définitivement un acteur mineur en Europe, avec toutes les conséquences que cela va impliquer pour nos entreprises les plus innovantes et performantes, mais également pour notre industrie financière et ses milliers d\'emplois.Certes, Paris dispose encore de quelques atouts, avec en particulier d\'une épargne abondante et d\'un savoir faire indéniable en matière de gestion. Mais pour combien de temps, si faute de proposer aux investisseurs de nouvelles entreprises à fort potentiel en plus grand nombre, ceux-ci accentuent l\'orientation de leurs fonds vers des places plus dynamiques?Dans ce contexte, il me paraît urgent que les pouvoirs publics, s\'emparent de ce sujet majeur et facilitent enfin le rapprochement rapide d\'Euronext avec une des deux places européennes majeures. En effet, les initiatives qui sont à saluer, comme la création d\'une banque publique d\'investissement, ne pourront à elles seules assumer, dans un contexte de raréfaction et de renchérissement du crédit, la totalité des besoins de financement de nos entreprises, sans un capital développement redevenu performant et sans un marché financier dynamique, dédié aux PME/ETI, capable de drainer et d\'assurer la liquidité d\'une épargne longue. Or sans elle, il est à craindre que Redressement productif et compétitivité ne soient des vœux pieux. par Rémy Thannberger, ancien président -entre 2000 et 2005- d\'Europe Finance et Industrie, une société de Bourse spécialisée dans les introductions notamment sur le marché libre. Il est l\'actuel Président du Conseil de surveillance du Groupe d\'Armement et de Défense Manurhin.
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