Sarkozy veut que la France s'engage dans une nouvelle révolution industrielle

Avec les huit cents suggestions émises lors des états généraux de l'industrie, Nicolas Sarkozy a l'embarras du choix. Jeudi, sur le site d'Eurocopter à Marignane, il annoncera les solutions retenues pour permettre à la France d'entamer une nouvelle « révolution industrielle ». Même si on ne connaît pas encore les mesures qui recevront l'assentiment du chef de l'État, les économistes et les acteurs de ces états généraux, débutés le 15 octobre et qui viennent à peine de se clore, ont déjà des idées précises. Ils dégagent deux priorités : l'innovation et le développement des PME, via une amélioration de leur financement.Sur le premier thème, les prémices d'une éventuelle révolution sont perceptibles, avec notamment l'augmentation du budget de l'enseignement supérieur et de la recherche, et aussi avec l'amélioration en 2009 du crédit impôt recherche (CIR). Toutefois, bien que salué par ses 11.000 bénéficiaires, le CIR nécessite pour beaucoup d'entre eux de nouveaux aménagements. « Il faudrait étendre l'assiette des dépenses éligibles à ce dispositif en intégrant les innovations qui permettent de valoriser les produits. C'est seulement via l'innovation que le gouvernement pourra assurer le dynamisme de la croissance sur le long terme », estime Christian de Boissieu, le président du Conseil d'analyse économique (CAE). La CGPME est sur la même longueur d'onde. « Le CIR bénéficierait davantage aux PME », explique son secrétaire général, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson qui espère également que le chef de l'État retienne son idée de « bourse des brevets », consistant à racheter ceux qui ne sont pas utilisés par les grands groupes. Ils seraient mis à la disposition des PME à prix réduits.Favoriser la croissance des PME est la deuxième priorité. Certes, la France compte plus d'entreprises manufacturières que l'Allemagne (254.209 contre 196.753 selon le Medef). Toutefois, les entreprises tricolores de plus 249 salariés ne représentent que 0,8 % du total, contre 2,1 % de l'autre côté du Rhin. En clair, la France souffre d'un manque de grosses PME et d'entreprises de taille intermédiaire (ETI). Pour atteindre cet objectif, Yvon Jacob, le président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), suggère de restaurer d'abord leurs ressources financières « en remettant à plat le financement des régimes sociaux, en supprimant par exemple le financement des allocations familiales par les entreprises. Il y a urgence. Si nous voulons que nos entreprises industrielles fassent plus de profit, et donc investissent et embauchent, il ne faut plus qu'elles financent quasiment à elles seules des pans entiers de la protection sociale », martèle-t-il. Christian de Boissieu suggère, quant à lui, un recours plus massif à la Banque européenne d'investissement (BEI). Également proposée lors des états généraux, la création d'un livret d'épargne d'industrie à l'image du livret développement durable (LDD, ex-Codevi) fait aussi partie des suggestions qui séduisent beaucoup.distribution de créditToujours sur le volet financement, il est aussi demandé à Nicolas Sarkozy de veiller à ce que les nouvelles réglementations prudentielles dans le secteur de l'assurance ne pèsent pas sur la distribution de crédit aux entreprises. Concrètement, le risque est important de voir les compagnies d'assurances se désengager du financement des PME, en raison des exigences de fonds propres prévues par la récente directive européenne Solvency II sur l'accès aux activités de l'assurance et de la réassurance et leur exercice. Ce texte, qui devrait être transposé en droit national au plus tard le 31 octobre 2012, modifie notamment le calcul de la marge de solvabilité des compagnies d'assurances. « Résultat, pour 100 euros investis dans des actifs non cotés, il faudra désormais immobiliser 45 euros de fonds propres », regrettait Michel Mollard, le président du directoire d'Euler Hermes Sfac, lors de la récente table ronde Mazars l'Hémicyclique. La compétitivité de l'industrie française ne dépend pas que de la volonté de l'Élysée.
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