L'industrie française a perdu 2 millions d'emplois en trente ans

Molex, New Fabris, Continental, Renault, PSA, Total... Plans sociaux et fermetures de sites industriels rythment l'actualité sociale. La crise financière s'est muée en crise économique et la France découvre qu'elle a mal à son industrie. Toute l'Europe est concernée. La part de l'industrie dans la valeur ajoutée totale de l'UE à vingt-cinq s'est réduite - en euros courants - pour passer de 20,5 % à 17 % entre 1995 et 2006. Dans ce tableau, l'Allemagne fait figure d'exception puisque, sur cette période, le poids de son industrie s'est accru.Dans une récente analyse, une économiste de la Direction générale du Trésor et de la politique économique dessine les grandes lignes des transformations à l'oeuvre en France. Lilas Demmou indique qu'entre 1980 et 2007, le poids de l'industrie en valeur dans le PIB a chuté de 10 points, passant de 24 % à 14 %. Ce recul en valeur s'explique essentiellement par les gains de productivité enregistrés dans l'industrie, qui ont conduit à une baisse des prix relatifs. Ainsi, en volume, la part de l'industrie demeure aux alentours de 17 %.Du côté des effectifs, l'érosion n'est pas nouvelle. L'industrie a perdu 36 % de ses effectifs entre 1980 et 2007, soit 1,9 million d'emplois détruits. 25 % de ces pertes d'emplois sont « artificiels » car correspondant à un transfert d'emplois auparavant industriels vers les services, notamment l'intérim, via l'externalisation.concurrence étrangèreUne fois neutralisé ce phénomène, l'industrie française a tout de même perdu 1,5 million d'emplois sur la période considérée. Les forts gains de productivité seraient à l'origine de près de 30 % de ces destructions. Le recul de l'emploi industriel en France s'explique aussi par la concurrence étrangère, notamment celle provenant des pays à bas salaires. D'après l'étude, l'ouverture internationale expliquerait entre 13 % et 45 % des destructions d'emplois, selon les modes de calcul choisis. Lilas Demmou estime enfin qu'en moyenne 15.000 emplois ont été délocalisés entre 2000 et 2003, soit 10 % à 20 % des emplois industriels détruits durant cette période.Avec les mesures issues des états généraux de l'industrie, la France entend enrayer cette désindustrialisation. Une volonté partagée par la Grande-Bretagne. Le gouvernement de Gordon Brown vante le « rebalancing », ou rééquilibrage, pour redonner vie à son industrie, longtemps négligée. Objectif : ramener le poids de l'industrie britannique à 20 % du PIB dans la prochaine décennie, alors qu'elle est tombée à 13 %. Anne Eveno
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