Alerte sur la durée de conservation des données numériques

Les CD et autres DVD enregistrables ont du plomb dans l'aile ! L'Académie des sciences et l'Académie des technologies ont publié lundi un rapport sur la « longévité de l'information numérique » très alarmiste. « Nous observons que nos sociétés produisent des masses croissantes d'informations, alors même que la durée de vie des supports numériques disponibles pour les conserver n'a jamais été aussi courte », observe Jean Salençon, président de l'Académie des Sciences.L'étude différencie les disques déjà pressés (CD de musique, DVD de cinéma) dont la longévité est reconnue et les disques optiques numériques enregistrables. Dix milliards de CD-R, DVD-R ou encore Blu-Ray ont été vendus en 2009 dans le monde. « Ces supports sont parfaits pour stocker des données. Mais personne ne sait pendant combien de temps on pourra les lire car les études conséquentes sur le vieillissement de ces supports font encore défaut », résume Erich Spitz, ancien directeur de la recherche et de la technologie de Thomson. Les auteurs du rapport ont interrogé des scientifiques ayant mené quelques expérimentations de vieillissement artificiel en plaçant les disques dans des étuves. Deux conclusions s'imposent : la qualité de la production des fabricants est très variable d'un lot à l'autre ; plus la capacité de stockage du disque est élevée, moins la durée de conservation est longue. Les solutions existent« La priorité des industriels est de produire des supports de grande capacité et au moindre coût, car c'est ce que demande le grand public. De fait il n'y a pas de modèle économique pour le développement d'un disque plus fiable mais qui serait aussi plus cher », constate Jean-Charles Hourcade, membre de l'Académie des technologies. Or les solutions techniques existent comme la gravure des informations sur un support en verre.Les auteurs du rapport constatent aussi une inégalité forte à l'accès à un archivage numérique fiable. Les grandes institutions, comme l'INA ou la BNF, ou les grandes entreprises ont les moyens financiers d'effectuer un suivi constant de l'état de leurs données archivées pour assurer leur migration régulière sur de nouveaux supports. Grâce à Internet, ils délèguent de plus en plus leurs archives à un prestataire de service délocalisé. A l'opposé les particuliers, les PME, voire les collectivités locales, ont choisi une approche « passive » de stockage sur disques optiques, pour leur faible coût et leur simplicité d'utilisation. « Avec l'accroissement fulgurant des données numériques à stocker, c'est la meilleure solution sur le long terme. A condition que la qualité de ces supports soit améliorée », concluent les auteurs du rapport qui sera transmis au gouvernement. Laurent Pericone
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