Plan social chez SFR : 2.000 emplois peut-être supprimés ?

Alors que les discussions avec les partenaires sociaux viennent de commencer lundi chez Bouygues Telecom sur le plan de départs volontaires concernant 556 postes (voir l\'article sur le rapport d\'expert jugeant le plan « justifié »), chez son concurrent SFR les représentants syndicaux ont sorti les calculettes. Selon la CFDT, première organisation syndicale chez la filiale de Vivendi, le plan de départs volontaires (PDV) qui sera détaillé fin novembre pourrait toucher entre 1.500 et 2.000 personnes sur des effectifs de 10.000 salariés environ, contre au moins 500 personnes redoutés en mai. Force Ouvrière redoute également un ordre de grandeur similaire de suppressions d\'emplois. L\'entourage de la direction a jusqu\'à présent laissé entendre que le plan porterait plutôt sur environ 10% des effectifs. « Nous nous fondons sur le montant des économies qui nous sont demandées et sur les indications distillées par la direction, telles que la réduction du management intermédiaire » explique Olivier Lelong, délégué syndical central CFDT chez SFR. Pourtant, le PDG du deuxième opérateur télécoms français, Stéphane Roussel, a indiqué lundi lors d\'une conférence de presse que « ce PSE a plus à voir avec la réorganisation, axée sur l\'expérience client \"multicanal\", qu\'avec une quelconque difficulté économique.» A savoir l\'effet Free Mobile sur l\'ensemble du secteur. La menace d\'une vente au plus offrant par Vivendi « SFR ne va pas mettre en œuvre un PDV pour supprimer moins de 1.000 emplois, alors qu\'il arrive à gérer 300 à 400 sorties par an dans le cadre de la GPEC [gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, négociations avec les représentants du personnel, NDLR]. Il faut s\'attendre au minimum à 1.000-1.500 postes, comme le précédent PDV qui a porté sur 1.200 personnes lors de la fusion SFR-Neuf Cegetel en 2008-2009 » considère Vanessa Jereb, déléguée centrale de l\'Unsa, la deuxième organisation syndicale chez SFR. « Stéphane Roussel est un peu Janus. Il tient un discours rassurant à l\'égard des médias et des investisseurs, mais hier (jeudi) en comité central d\'entreprise, il nous a dit qu\'il fallait absolument ce PSE, que l\'on ne pouvait plus avoir autant de salariés du fait de nos difficultés financières. Le PDG a même joué l\'intimidation en déclarant que si les syndicats bloquaient le plan, cela se paierait très cher et très vite et que Vivendi nous vendrait au plus offrant » raconte de son côté le délégué CFDT. « Le PDG a prévenu que Vivendi n\'attendrait pas plus de six mois et déciderait alors du sort de SFR » confirme son homologue de l\'Unsa. La direction de SFR veut effectivement aller très vite et boucler le plan en six mois, même si elle ne dévoilera l\'ampleur du plan de départs volontaires que fin novembre, après le second tour des élections professionnelles prévu le 13 novembre.Un scénario noir d\'effondrement des bénéfices si le low-cost se généraliseDéjà des rumeurs circulent sur des conditions très attrayantes de départ, de l\'ordre de 2 mois et demi d\'indemnités supra-conventionnelles par année d\'ancienneté. « Ce sera un plan à la SFR, ils ne seront pas à plaindre » relativise une source proche de la direction. « S\'il n\'y a pas assez de volontaires, nous ne les chercherons pas » a affirmé Stéphane Roussel mardi dans un entretien au Figaro. Ce n\'est visiblement pas du tout le sentiment des représentants du personnel présents au CCE. SFR va-t-il donc si mal ? Au premier semestre, la filiale de Vivendi a limité la casse sur le plan commercial et financier : ses bénéfices n\'ont baissé « que » de 10%, quand ceux de Bouygues Telecom se sont effondrés de 55%. Sur l\'ensemble de l\'année 2012, SFR table sur un recul de 12% à 15% de son résultat brut opérationnel. Selon un analyste financier, l\'opérateur craindrait, dans son scénario le plus noir, avec un segment low-cost prenant 50% du marché, de voir ses profits chuter à l\'horizon 2015 à 200 millions d\'euros, contre 1,4 milliard en 2011...Le « dumping commercial manifeste » de FreeS\'alarmant de « la baisse des prix généralisée » et de « la perte de valeur considérable pour tous les opérateurs (entre 10% à 15% du chiffre d\'affaires grand public) », le syndicat FO Com a écrit jeudi au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg (lire le courrier) pour le prévenir que « la situation financière des entreprises de la branche est désormais plus que fragile »: il cite d\'ailleurs « ce plan de 1.500 à 2.000 suppressions de postes » qui se profile chez SFR. Le syndicat dénonce « le dumping commercial manifeste » du nouvel entrant, Free Mobile : « comment admettre qu\'il puisse prendre des millions de clients sans quasiment investir dans ses propres réseaux ? » Les dirigeants d\'Iliad, la maison-mère de Free, apprécieront. FO Com met en garde le ministre contre une éventuelle décision visant à casser le système de la subvention des téléphones : « vos décisions orienteront forcément les opérateurs soit à préserver soit à réduire drastiquement leurs réseaux de distribution. Avec un impact direct également sur les distributeurs indépendants qui représentent plusieurs dizaines de milliers d\'emplois. » 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.