La contagion du mensonge

« Les portes du ciel sont ouvertes. » C'est sur ce chant que s'ouvre « le Secret de Chanda », magnifique film sur le silence qui entoure le sida en Afrique du Sud. Chanda, toute jeune fille vivant dans un township, voit sa soeur à peine née mourir, sa mère s'affaiblir et le voisinage murmurer. Entre mutisme et quête de vérité, Chanda va choisir, et se heurter à l'immobilisme et la superstition ambiante.À l'origine, il y a un roman best-seller d'Allan Stratton, où Chanda est âgée de 16 ans. Le réalisateur Oliver Schmitz a volontairement rajeuni la jeune fille, et là réside l'intérêt du film. À 16 ans, dans un township, on est déjà adulte, or Chanda garde encore en elle la candeur et la naïveté de l'enfance.Leçon de vieJamais misérabiliste, le film suggère avec beaucoup de sensibilité le quotidien de ces familles déchirées par la maladie. Les scènes entre Chanda et sa mère sont lumineuses et belles, parfois bouleversantes. L'héroïne, adulte avant l'âge, observe avec intelligence les moeurs et les croyances dangereuses de ses voisins. À ses côtés, on assiste à son combat, peut-être perdu d'avance, contre le mensonge.Tourné entièrement en décors naturels et dans un dialecte local, le film porte en lui une dimension réaliste qui confère sa force et sa puissance à l'oeuvre.Les distributeurs du « Secret de Chanda » ont décidé de reverser l'intégralité des recettes du premier jour à la fondation Desmond Tutu en Afrique du Sud, qui lutte pour la généralisation du test de dépistage du VIH dans les townships. Mais plus qu'un film sur le sida, ce long métrage est surtout une belle leçon de vie. Et « Les portes du ciel sont ouvertes », placé en conclusion, résonnent comme une prière d'espoir et de fraternité.
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