La crédibilité des syndicats dopée par les retraites

La sympathie dont ont bénéficié les grandes mobilisations de l'automne contre la réforme des retraites le laissait augurer. Un sondage réalisé par TNS Sofres pour l'association Dialogues, rendu public ce mardi, le confirme : le conflit des retraites a permis aux organisations syndicales de redorer leur blason. 54 % des personnes interrogées en novembre affirment « faire tout à fait ou plutôt confiance à l'action des syndicats pour la défense de leurs intérêts ». Un net rebond par rapport au début de l'automne puisqu'en septembre, seuls 46 % des Français affichaient leur confiance. Autre point positif, la bonne image progresse particulièrement dans le secteur privé où les syndicats rêvent de s'implanter bien plus largement qu'aujourd'hui. Reste à savoir si cette bonne image est, avec l'afflux de nouvelles adhésions enregistrées depuis l'automne (lire « La Tribune» du 29 novembre), le signe d'un regain de syndicalisation. Ou un simple de feu de paille. Une certitude : si elles veulent poursuivre leur développement, les organisations syndicales vont devoir surmonter des réticences profondément ancrées dans l'esprit d'une majorité de salariés. Les critiques ne manquent pas. Les syndicat seraient ainsi « inefficaces » pour 35 % des salariés, contre 24 % en 2008 et « trop politisés » et « trop idéologiques » pour respectivement 73 % et 63 % des personnes interrogées. Les jeunes ont particulièrement la dent dure à l'égard de leurs représentants. 67 % des 18-30 ans interrogés par TNS Sofres jugent ainsi que l'action des syndicats n'est pas adaptée aux sensibilités et aux préoccupations de leur génération. DéfianceConséquence, 51 % des salariés préfèrent discuter individuellement avec leur hiérarchie ou se coordonner avec leurs collègues (28 %) plutôt que de se tourner vers les syndicats (20 %) pour défendre leurs intérêts. Et ces taux sont encore plus marqués dans la jeune génération, avec 59 % des 18-30 ans qui s'adressent directement à leur supérieur et 15 % seulement qui font appel aux représentants du personnel ou aux délégués syndicaux. Seul progrès que leur reconnaissent les salariés interrogés, avoir su mieux prendre en compte les intérêts des précaires, des chômeurs ou des retraités. Les syndicats pourront s'appuyer sur cette base pour relancer leur campagne de développement. Mais s'ils veulent profiter à plein de l'effet « conflit des retraites », ils vont devoir montrer qu'ils sont capables de coller aux préoccupations quotidiennes des salariés dans les entreprises. Pas sûr qu'ils aient les moyens et la structure suffisante sur le terrain pour faire face à ce défi... Et améliorer durablement un taux de syndicalisation qui ne dépasse pas, depuis des années, les 6 à 8 %.
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