Le Smic, horizon indépassable pour une large part des « bas salaires » français

Fini, le coup de pouce au Smic. Depuis son élection en 2007, Nicolas Sarkozy en a fait une règle, privilégiant la libre négociation des salaires dans les branches et les entreprises. La hausse prévue le 1er janvier 2011 devrait donc suivre ce principe. D'autant que le groupe d'experts, dirigé par Paul Champsaur, le président de l'Autorité de la statistique publique, chargé, depuis 2009, d'éclairer l'exécutif, a rendu ce mardi un avis dans la droite ligne de la doctrine présidentielle. « L'ensemble des membres du groupe d'experts préconisent de limiter le prochain relèvement du Smic [...] à l'application des mécanismes automatiques légaux », mentionne, en conclusion, le rapport qui doit être soumis aux partenaires sociaux le 14 décembre dans le cadre de la Commission nationale de la négociation collective. Au regard des éléments déjà connus, mais susceptibles de révision à la mi-décembre, la hausse du salaire minimum le 1er janvier prochain devrait se limiter à + 1,6 %. Le Smic horaire brut atteindrait alors 9 euros, contre 8,86 euros depuis le début de 2010. Pour une part non négligeable des salariés français, la revalorisation du Smic reste un indicateur important. Le 1er janvier 2010, environ 10 % des salariés avaient bénéficié de la hausse. Surtout, certains d'entre eux ne peuvent compter que sur cette revalorisation pour voir leurs revenus grimper, faute d'autres perspectives d'évolution. Trajectoires salarialesDans son rapport, le groupe d'experts s'est, en effet, penché sur les trajectoires salariales des salariés au Smic. Au bout d'un an et demi, 46 % des salariés ont connu une progression salariale, mais 38 % d'entre eux sont restés vissés au salaire minimum et 16 % d'entre eux n'ont plus d'emploi. A plus long terme, la tendance est similaire. Sur cinq ans, seul un tiers des salariés a évolué vers une rémunération supérieure et entre 14 et 17 % ont quitté le marché du travail après avoir connu une augmentation. Mais 5 à 8 % sont restés au Smic pendant cinq années consécutives, 9 à 12 % ont fait des « allers-retours » entre Smic et salaire supérieur et 16 à 20 % sont sortis du marché de l'emploi à un niveau de salaire équivalent ou proche du Smic. Parmi ces salariés pour qui le Smic apparaît comme un horizon indépassable, figurent notamment les femmes et les temps partiels, mais aussi les salariés des petites entreprises et du secteur tertiaire. La situation semble toutefois évoluer : les jeunes connaissent plus fréquemment que leurs aînés des évolutions salariales ascendantes... A. L.
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