La tension monte chez Eiffage

Le conseil d'administration du 8 décembre pourrait être décisif pour Eiffage, la troisième major française du BTP. Il pourrait marquer la désignation du successeur de Jean-François Roverato à la tête d'un groupe dont il est président depuis 1987 et qu'il a façonné, en montant notamment en 1990 un rachat d'entreprise par les salariés. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI), qui détient 20 % d'Eiffage, a fait connaître sa position le 26 novembre dans « Les Échos ». Le directeur général du FSI Jean-Yves Gilet a martelé que « le conseil du 8 décembre ne peut constituer un couperet » alors que deux favoris semblent se dessiner - Pierre Berger, le patron de Vinci construction grands projets et Olivier Barbaroux, le président de Dalkia.De fait, deux, voire trois clans, s'affrontent pour la succession de Jean-François Roverato, qui n'a pas dit non plus son dernier mot, explique-t-on à « La Tribune ». D'un côté, Pierre Berger est soutenu par le patron d'Eiffage et les salariés ainsi que par les bons soins du cabinet de communication Image Sept, qui s'occupe de la major du BTP. De l'autre, Olivier Barbaroux a le soutien du PDG d'EDF Henri Proglio et du directeur général de Veolia Environnement Antoine Frérot, qui veulent l'écarter pour nommer un de leur proche à la tête de Dalkia (Veolia est actionnaire à 66 % et EDF à 34 %). Ils sont quant à eux conseillés par l'autre grande agence de communication Euro RSCG. D'où l'idée de le faire sortir par le haut grâce à leurs puissants réseaux. Ils auraient notamment l'appui du patron du comité des nominations d'Eiffage, Serge Michel qui est un homme aussi secret qu'influent parmi les grands patrons français. Enfin, le directeur général délégué d'Imerys Jérôme Pecresse semble hors course même s'il pourrait être une solution de repli pour Jean-François Roverato.Ces manoeuvres en coulisse exaspèrent en interne. La tension, pour ne pas dire la colère, monte au sein du groupe de BTP. Des cadres s'élèvent contre le FSI, car ils estiment que celui-ci exerce dans ce processus de succession une pression excessive. Le FSI reproche à Jean-François Roverato de vouloir précipiter le processus après l'avoir accusé de le ralentir. « Eiffage est une entreprise cotée qui respecte une gouvernance interne validée à l'unanimité par le conseil d'administration. Or on a le sentiment que le FSI ne respecte pas cette gouvernance en voulant imposer à tout prix un candidat qui lui convient », estime un cadre dirigeant. « Tout le monde se soucie de l'âge du capitaine mais personne ne semble se soucier de la stratégie adéquate pour l'avenir d'Eiffage, reprend-il. S'il est incontestable que Jean-François Roverato a eu 66 ans en septembre, le débat ne peut se réduire à une affaire de personne ». Un manager digne de ce nomLes salariés et cadres d'Eiffage ont dans cette entreprise une place très singulière puisqu'ils détiennent 33 % du capital du groupe (en cumulant les parts détenues par les salariés via la Sicavas, la sicav d'actionnariat salarié d'Eiffage et celles détenues par les cadres dans Eiffaime). Qui plus est, 96 % des salariés d'Eiffage sont actionnaires. Enfin, les salariés auraient reçu en 2009 au titre de la participation, de l'abondement et de l'intéressement 50 % du résultat avant impôt du groupe. « Je suis entièrement d'accord, abonde un représentant syndical. Nous ne voulons pas d'un politique qui vienne pantoufler chez nous. Mais d'un manager digne de ce nom ! Nous sommes en interne très favorables à la candidature de Pierre Berger, poursuit-il. Car si de numéro trois de Vinci, on devient numéro un d'Eiffage, on est condamné à réussir ».
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