Novembre aura été le mois le plus noir de l'euro en 2010

L'euro aura connu sa chute mensuelle la plus brutale de l'année en novembre, amplifiant même le cinglant revers essuyé en mai, lors de la première phase aiguë de la crise de la dette souveraine de la zone euro. En ce 30 « frimaire », la monnaie unique des Seize a crevé le seuil de 1,30 pour la première fois depuis la mi-septembre, dérivant jusqu'à 1,2970. Sur l'ensemble du mois l'euro affiche ainsi une décote de 9 % face au dollar. Mais il se retrouve aussi au plus bas depuis dix semaines face à la livre sterling, remontée à 0,8365 et au yen, propulsé à 108,40, deux monnaies face auxquelles l'euro a cédé plus de 5 % de sa valeur en novembre.Dans ce contexte de défiance caractérisée, les stratèges changes des grandes banques ont refait tourner leurs modèles de prévisions. Et ils l'affirment dans un bel ensemble : l'euro n'a pas fini sa glissade. A commencer par les analystes chartistes. Pour Citigroup, le franchissement de sa moyenne mobile à 200 jours lundi - un baromètre de tendance baissière qui a fait ses preuves depuis des années - devrait entrainer l'euro dans une première étape à 1,25 dollar. Pour Nomura Trust, la monnaie unique devrait tester la zone 1,20 - 1,25 dès le mois de décembre. Pour UBS, l'une des banques les plus actives en matière de transactions de changes, les positions des fonds de couverture sur les marchés à terme pointent clairement en faveur d'une poursuite de la baisse de l'euro d'ici à la fin de l'année. Car les positions courtes - vendeuses - en dollars sont encore légion et ne demandent qu'à se déboucler, selon la CFTC, le régulateur américain.Les fondamentalistes ne sont pas en reste pour prévoir un recadrage de la parité euro-dollar. François Chevallier, économiste à la Banque Leonardo, persuadé que l'euro survivra à la crise souveraine, prédit que la dépréciation de la monnaie unique va s'amplifier l'année prochaine. La dévalorisation de la monnaie va «compenser le resserrement budgétaire» qui s'opère dans la plupart des pays de la zone euro. Et d'expliquer que dans le modèle Mundell-Fleming, un modèle keynésien, en économie ouvertes, « le processus d'éviction par la dépense publique passe par les taux de change plutôt que par les taux d'intérêt. Pour l'économiste, la poursuite de la baisse de l'euro face au dollar l'an prochain est d'autant plus probable qu'il est surévalué. La parité de pouvoir d'achat (PPA) relative situe l'équilibre à 1,24, tandis que le taux de change effectif réel de la BCE révèle une surévaluation de 6 %. « Pour revenir à la période de qualification à Maastricht, le dollar trouva un équilibre en 1997-1998 à 6 francs français. Cela correspond à 1,09 dollar pour un euro ». Certes on n'en est pas là, mais l'euro se rapproche à vitesse accélérée de son point bas de l'année, atteint début juin à 1,1875.
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