La toute puissance de Google au coeur d'une enquête de Bruxelles

Le gendarme européen de la concurrence a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête formelle sur un éventuel abus de position dominante de Google dans la recherche en ligne. Le coeur du réacteur du numéro un mondial de l'Internet est donc ausculté. Mais à peine, l'encre du communiqué avait-elle séché que le commissaire en charge du dossier, Joaquin Almunia, en tempérait la portée : cette enquête « ne signifie pas qu'il y a définitivement un problème. Il est beaucoup trop tôt pour dire cela ».Bruxelles va d'abord se pencher sur la piste soulevée par Foundem. Le site britannique de comparaison de prix avait dénoncé l'an dernier des discriminations dans les résultats affichés par le moteur de recherche. Il soupçonne Google d'avoir voulu promouvoir son propre comparateur... en utilisant sa position de force sur la recherche. Réponse d'un porte-parole européen de Google : « nous avons construit le moteur pour les internautes et pas pour les sites. Le principe même de donner une liste fait qu'il y a des mécontents ». Ciao !, le site de recherche appartenant à Microsoft, et le site français E-justice avait également déposé une plainte pour des griefs similaires. La Commission a indiqué hier avoir reçu une quatrième plainte formelle, sans en dévoiler l'auteur. Clauses d'exclusivité ?L'enquête européennes porte sur deux autres domaines sur le marché publicitaire. La Commission veut enquêter sur d'éventuelles « clauses d'exclusivité » dans les relations entre, d'une part, AdWords et AdSense, les deux services par lesquels Google gère ses services publicitaires, et d'autre part les annonceurs et les éditeurs. « Si un journal passe un accord avec Google avec des ?Google Ads? sur son site - lesquelles génèrent des revenus à la fois pour Google et ledit journal -, il peut s'avérer difficile ensuite de diffuser d'autres publicités venant de sites concurrents », expliquait hier une source bruxelloise. L'enquête ouverte par Bruxelles va permettre de regrouper au moins une partie des enquêtes actuellement en cours en Allemagne, en France et en Italie. Cependant elle ne couvre pas la question des revenus tirés, - via la publicité -, de la mise en ligne sur Google de contenus éditoriaux de journaux. Celle-ci est au centre d'une des plaintes déposées auprès de l'Office fédéral des cartels allemand par les syndicats d'éditeurs de presse. L'autorité de la concurrence italienne a ouvert une enquête en août dans une affaire similaire portée par les éditeurs de la Péninsule.Les difficultés du dossierPlusieurs sources proches du dossier soulignaient hier les difficultés intrinsèques du dossier. La recherche en ligne, dominée par Google, ne constitue pas un marché en soit. Donc un abus de position dominante est difficile à établir. Pour ce qui est de la publicité en ligne, c'est la définition du marché, à laquelle s'attellent depuis plusieurs mois la Commission et en France l'Autorité de la concurrence, qui fait problème. « Nous avons moins de 3 % du marché publicitaire dans le monde », relevait hier un porte-parole du groupe. Et d'ajouter : « la concurrence n'est jamais qu'à un clic de notre site. Nous sommes dans un environnement ouvert. »Dans le cas Microsoft, il a fallu cinq ans entre l'ouverture officielle de l'enquête et la première décision, en 2004. Entre temps, la Commission avait d'ailleurs profondément réorienté ses investigations et abandonné de multiples griefs soulevés par les concurrents de l'éditeur. Il est donc non seulement trop tôt pour percevoir l'issue pour Google mais aussi pour savoir si ce dossier sera au commissaire Almunia ce que Microsoft fut à ses prédécesseurs Mario Monti et Neelie Kroes : une formidable tribune politique.
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