Barack Obama se résigne à un déficit perpétuel

Malgré l'annonce de coupes budgétaires, l'administration Obama est sans illusion : faute de réformes de la santé et des retraites, les États-Unis accuseront des déficits budgétaires abyssaux tout au long de la décennie 2010. La Maison-Blanche a annoncé qu'elle anticipait un déficit de 1.560 milliards de dollars pour l'exercice fiscal 2010 entamé au 1er octobre dernier, un montant historique qui représente 10,6 % du produit intérieur brut (PIB) du pays. Il doit ensuite décliner à 1.270 milliards de dollars en 2011 avant de se stabiliser aux alentours de 800 milliards entre 2015 et 2018. Un assainissement qui sera à mettre pour une bonne part au crédit d'une croissance soutenue : l'administration américaine table en effet sur une hausse de 2,7 % du PIB en 2010, de 3,8 % en 2011 et de plus de 4 % pour les trois années suivantes.Mais le déficit explosera à nouveau pour atteindre 1.000 milliards de dollars en 2020 quand les « baby-boomers » seront partis à la retraite. « Il est temps d'économiser ce que nous pouvons, dépenser ce que nous devons et vivre à nouveau dans les limites de nos moyens », a déclaré Obama, rappelant qu'il a hérité d'un déficit de 1.300 milliards de dollars, plombé notamment par « des baisses d'impôts massives pour les riches et deux guerres ». Pour diviser le déficit par deux en 2013, l'administration Obama compte sur la restauration par le Congrès de la règle dite « Pay go », selon laquelle toute dépense, ou baisse d'impôt, doit être financée. De plus, Obama veut éliminer les programmes « inefficaces, redondants et qui ont été maintenus après être devenus inutiles ».arrêt de 120 programmesCet effort démarrera dès 2011, avec le gel pendant trois ans des dépenses fédérales hors des programmes sociaux et militaires. Vingt milliards de dollars seront économisés lors du prochain exercice fiscal puis, au total, 250 milliards sur dix ans. Le budget 2011 prévoit aussi l'arrêt de 120 programmes, dont le projet Constellation de la Nasa visant à renvoyer des astronautes sur la lune. Du côté des recettes, Obama demande au Capitole de laisser expirer les baisses d'impôts accordées aux ménages dont les revenus annuels dépassent 250.000 dollars. Les entreprises ne sont pas épargnées : toutefois, la surtaxe bancaire devrait s'élever à 90 milliards de dollars sur dix ans et non 117 milliards, tandis que l'imposition des bénéfices réalisés à l'étranger rapportera 122 milliards de dollars en dix ans au lieu des 210 milliards annoncés en 2009. Les compagnies pétrolières seront, comme promis, privées de certaines exonérations.En dépit de la crise qui pèse sur les finances publiques et des 33 milliards de dollars demandés pour la guerre en Afghanistan en 2010, Obama ne renonce pas à creuser le déficit pour stimuler la création d'emplois (lire ci-contre). Il a aussi annoncé une hausse de 6 % du budget de l'éducation. En revanche, son projet de budget ne mentionne pas de recettes potentielles tirées d'un système d'échange de permis d'émission de CO2, dont la création est menacée au Congrès. n
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