Le soleil a rendez-vous avec la lune

« Ceux qui restent », « Welcome », « Mademoiselle Chambon »... Depuis quelques années, c'est à Vincent Lindon que reviennent les plus beaux rôles du cinéma français. Avec « la Permission de minuit », Delphine Gleize lui en offre un de plus aujourd'hui.Lindon y incarne David, un professeur en dermatologie exerçant dans un hôpital des Landes. La cinquantaine, marié, l'homme est totalement dédié à son travail et à ses patients, parmi lesquels Romain (excellent Quentin Challal). Âgé de 13 ans, ce dernier est « un enfant de la lune ». Atteint d'une maladie génétique rarissime, il ne peut sortir à la lumière du jour sans être couvert des pieds à la tête d'une combinaison spéciale fabriquée par la Nasa.David s'occupe de lui depuis qu'il a deux ans. Au fil du temps, une relation très forte s'est nouée entre eux. Jusqu'à en devenir fusionnelle. Aussi, lorsque le médecin reçoit sa mutation pour Genève, il est désemparé, incapable de laisser Romain derrière lui. Et encore moins de le confier à Carlotta (Emmanuelle Devos), sa remplaçante.Ce n'est pas tant un film sur la maladie que réussit Delphine Gleize, qu'une oeuvre sur l'adolescence. D'autant que la pathologie de Romain accentue les angoisses, les interrogations et les rêves qui surviennent à cet âge. La réalisatrice signe aussi un superbe portrait d'homme dont elle dévoile, avec une rare tendresse, les doutes, les faiblesses et la relation compulsive au travail, liée à la mort de son frère. Et qui est probablement pour le médecin une manière de donner du sens à l'incompréhensible.Vincent Lindon est David jusqu'au bout des doigts, comme il était hier le maître-nageur de « Welcome ». L'on a rarement vu un acteur habiter ainsi ses rôles sans pour autant se laisser cannibaliser.Delphine Gleize le dirige à merveille, témoignant à tous les niveaux du film d'une extraordinaire maîtrise. Elle nous embarque pour une aventure au long cours pleine de souffle, signe quelques scènes magnifiques comme celle où David explique à Romain comment se passera sa première fois. Il y a presque quelque chose de physique dans sa manière de filmer cette histoire à fleur de peau qui a l'élégance de ne jamais sombrer dans le pathos. Au point où les spectateurs en viennent à ressentir la morsure du soleil lorsque Romain sort sans sa combinaison. Et lorsque David ne parvient pas à prononcer son discours d'adieu, on en viendrait presque à pleurer avec lui. Le mot de la fin revient à Léo Ferré dans une autre de ces scènes dont Gleize a le secret. « C'est extra » ! Yasmine You
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