Le monde d'après la crise

Alors que l'on fête le premier anniversaire du G20 de Londres, qui a organisé la riposte politique à la crise financière, « La Tribune » publie le recueil des 60 interviews de personnalités que la rédaction a interrogées, en 2009, sur le monde de demain. « Rien ne sera plus comme avant », a-t-on entendu, comme une antienne, au fil d'événements dont personne n'avait imaginé la brutalité. De l'infarctus de la liquidité qu'a été la faillite de Lehman Brothers au sauvetage de la finance mondiale, tous les postulats sur lesquels vivait le capitalisme financier ont volé en éclats. Et pourtant, le monde d'avant se rétablit lentement. Raison de plus de penser le monde d'après, avec Michel Aglietta, Denis Kessler, Paul Jorion, Emmanuel Todd, Laurence Parisot, Olivier Mongin... Ces 60 personnalités, hommes et femmes, économistes, financiers, chefs d'entreprise, philosophes, historiens, offrent une multiplicité de regards inattendus sur la crise la plus grave depuis celle des années 1930. Philippe Mabille « Ce que la crise a changé. 60 personnalités imaginent le monde de demain », sous la direction d'Erik Izraelewicz. Éditions Arnaud Franel, 192 pages, 15 euros.La France restera-t-elle un grand pays du médicament ? Pour Christian Lajoux, président du Leem, le syndicat français de l'industrie pharmaceutique, également président de Sanofi en France, le pays prend du retard. Malgré le crédit d'impôt recherche survitaminé, dont Sanofi est des premiers utilisateurs, et à cause d'une approche souvent trop comptable et administrative de la santé. Pourtant, les Français, qui s'apprêtent à affronter le choc du vieillissement restent les deuxièmes consommateurs de médicaments au monde (500 euros par habitant et par an), juste derrière les États-Unis. Mais les champions français n'en sont pas les principaux bénéficiaires. C'est que le médicament de l'avenir se joue aujourd'hui, dans une bataille de titans qui s'appelle biotechnologies, génériques et Internet, avec des enjeux mondiaux où entrent la Chine, l'Inde ou le Brésil. Sonne donc « le temps des alliances », écrit Christian Lajoux. Les joutes industrielles en cours, de part et d'autre du globe, lui donnent raison. Ph. Ma. « Le Médicament, enjeu du XXIe siècle. Le temps des alliances », Christian Lajoux. Éditions Le Cherche Midi, 215 pages, 17 euros.Une nouvelle discipline commence à émerger : la neuroéconomie. Ce néologisme, inventé par un neurophysiologiste américain en 2003, vise à rapprocher les recherches sur le cerveau avec l'analyse économique. Ce qui n'a pas manqué de susciter une certaine réserve chez les économistes. Mais la crise a néanmoins remis au goût du jour l'analyse des comportements individuels et la neuroéconomie se propose justement de comprendre le choix des agents économiques à l'aune du fonctionnement du système cérébral. La sortie du livre de Christian Schmidt, professeur à Paris-Dauphine et l'un des plus fervents promoteurs de la discipline en France, est donc tout à fait opportune. L'ouvrage dresse un bilan assez complet des réflexions les plus récentes autour de trois thématiques clés : comment effectuons-nous nos choix, comment sont évalués les risques et enfin comment nos décisions interagissent avec celles des autres ? Un livre parfois difficile d'accès mais tout à fait captivant. E. B.« Neuroéconomie. Comment les neurosciences transforment l'analyse économique », Christian Schmidt. Éditions Odile Jacob, 300 pages, 30 euros.
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