En France, une sortie rapide de la récession, suivie d'incertitudes

« L'industrie manufacturière au plus haut depuis novembre 2006 ! » Les commentaires faits hier sur la base de l'enquête PMI publiée par l'institut Markit, basée sur des interviews de directeurs d'achat, ne pouvaient que verser dans l'optimisme. Ils sont pourtant à considérer avec prudence. Chaque mois, l'Insee interroge les chefs d'entreprise sur leurs perspectives, une enquête dont les résultats permettent d'appréhender peu ou prou la conjoncture. Et ces perspectives n'ont rien de florissant. « Les carnets de commande restent peu fournis », analysent les experts de l'Insee, sur la base des résultats de cette enquête dans l'industrie. Certes, l'indicateur synthétique, reflétant le climat des affaires, se situe sur une pente ascendante. Mais il reste très en dessous de sa moyenne de longue période.La situation est donc empreinte d'incertitude. Ce qui a conduit les experts de l'Insee à réviser à la baisse leur prévision de croissance pour le premier semestre, dans leur dernière note de conjoncture, publiée le 25 mars. Ils ne prévoient plus, pour le premier trimestre, qu'une maigrelette hausse du PIB, limitée à 0,2 %. Une croissance limitée à 0,8 % en rythme annuel, pas de quoi pavoiser.manque de mesures de relancePourtant, l'économie française était sortie très tôt de la récession, dès le deuxième trimestre 2009, et avait vu sa croissance s'accélérer fin 2009 (+ 0,6 % au dernier trimestre). D'où une récession en 2009 moins prononcée qu'ailleurs (? 2,2 % pour le PIB). Pourquoi cette rechute ? La sortie de récession a été très liée à l'instauration de primes à la casse, qui ont soutenu les achats d'automobile dans les grands pays européens. Même si le chiffre des immatriculations de mars est plutôt favorable en France, les prévisionnistes s'attendent à une rechute, liée au démantèlement progressif de ce dispositif. D'où l'anticipation d'une baisse de la consommation au deuxième trimestre, en lien avec la dégradation du pouvoir d'achat, qui n'est plus soutenu par des mesures de relance. En outre, la reconstitution des stocks, drastiquement réduits au coeur de la crise, a dopé la demande fin 2009. Un effet qui ne durera pas.À la différence de l'Allemagne, l'économie française ne profite pas à plein de la reprise forte dans les pays émergents. Question de spécialisation industrielle : insuffisances dans les biens d'équipement, et présence trop faible dans le haut de gamme, comme l'ont analysé plusieurs rapports du Conseil d'analyse économique.Les exportations progresseraient donc modérément au premier semestre (d'à peine plus de 1 % par trimestre). Du coup, l'investissement des entreprises resterait atone. I. B.
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