art lyrique

La 62e édition du Festival d'Aix-en-Provence est riche de promesses. D'abord, parce qu'elle correspond à un nouveau cycle. Le célèbre rendez-vous estival en a effectivement terminé avec le Ring wagnérien. Le Philharmonique de Berlin, en résidence à Aix depuis quatre ans est, de son côté, parti sous d'autres cieux. Place aujourd'hui au London Symphony Orchestra qui sera conduit à jouer des opéras en fosse dès 2011. D'ici là, il a déjà prévu de donner deux concerts les 17 et 18 juillet sous la baguette de sir Colin Davis. Au programme, Beethoven, Berlioz (avec notamment les incomparables « Nuits d'ét頻). « Mozart et ses contemporains seront, par ailleurs, remis au centre des compositeurs phares du festival, comme ils l'étaient dès l'origine en 1948 », commente Bernard Foccroulle, le patron de cet incontournable rendez-vous des amoureux de la musique.Aussitôt dit, aussitôt fait?: cette nouvelle édition débute par la création d'un « Don Giovanni », monument de l'art lyrique aussi moderne qu'emblématique. Figure mythique de l'amant volage rattrapé par la morale. Quête initiatique où l'honneur bafoué des femmes sortira finalement victorieux. Fable universelle où le cynisme côtoie de près la farce, cet opéra de Mozart fascine autant qu'il surprend. La mise en scène a été confiée à Dmitri Tcherniakov. Les chanteurs sont dirigés par le Freiburger Barockorchester, très soucieux d'authenticité vocale et instrumentale. Contemporain de Mozart qui l'admirait énormément, Gluck est également de la partie. Point de « Orphée et Eurydice » cette fois mais « Alceste », plus rarement joué mais parfaitement fidèle à l'esthétique de cet ancien professeur de clavecin de Marie-Antoinette, celle-ci se traduisant par une « beauté simple ». « On reste fasciné devant l'art inimitable de ce musicien qui savait animer le marbre dans lequel sont taillés les héros de l'Antiquité, tel Orphée capable de faire pleurer les pierres par la seule force de son chant », soutient d'ailleurs Bernard Foccroulle. La musique baroque sera également fêtée avec un « Pygmalion » de Rameau dirigé par William Christie. Là encore, l'oeuvre se plaît à façonner et à décortiquer l'un des mythes les plus puissants légués par l'Antiquité, ou comment l'artiste l'emporte finalement sur la mort. Deux autres oeuvres plus modernes sont également programmées. « Le Rossignol » de Stravinsky et « Un retour », opéra de chambre commandé par le Festival d'Aix-en-Provence à l'Argentin Oscar Strasnoy.« Si l'on devait résumer ce 62e Festival d'Aix, on pourrait dire qu'il est placé sous le signe du plaisir des voix », précise avec gourmandise Bernard Foccroulle. À commencer par celles de Véronique Gens dans le rôle d'Alceste, Olga Peretyatko dans celui du Rossignol de Stravinsky, ou Sophie Karthäuser dans celui de l'Amour dans le « Pygmalion » de Rameau.« Et je chanterai devant toi pour que tu puisses te réjouir et réfléchir en même temps », peut-on lire dans le programme des réjouissances. Cette citation tirée du « Rossignol et l'empereur de Chine » de Hans Christian Andersen, à l'origine de l'oeuvre de Stravinsky, résume en effet à merveille cette nouvelle édition où la mélodie, l'esthétique, l'art visuel et interprétatif sont appelés à parler un seul et même langage.Pascale Besses-Boumard
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