Promenons-nous dans Arles

D'année en année, à chaque fin de festival : la même scène. « Un énorme ?flip?, confie François Hébel, le directeur des Rencontres d'Arles. Je me dis qu'il faut tout réinventer sinon les gens ne reviendront pas. » Et à chaque fois, le miracle opère. Bien sûr, il y a des années meilleures que d'autres. Mais on trouve toujours en Arles de quoi nourrir son amour de la photo.Pour cette 41e édition, François Hébel a appliqué ses principes fondamentaux : faire travailler les experts et offrir des monographies au public. Historien de la photo et conservateur pour la photographie au Centre Pompidou, Clément Chéroux s'en est allé collecter des portraits d'anonymes ou de célébrités tels Sartre et Beauvoir ou Paul Éluard. Tous ont été réalisés dans des fêtes foraines au tir photographique, ces cibles dont le tireur devait toucher le centre pour déclencher l'appareil photo. Emma Lavigne, aujourd'hui conservatrice au musée nationale d'Art moderne après avoir longtemps travaillé à la Cité de la musique, s'est plongée au coeur des années punk pour en souligner l'esthétique à travers des paysages urbains de Claude Gassian, des portraits de Patti Smith par Mapplethorpe ou des « screen test » silencieux d'Andy Warhol. « Cette interaction entre peinture, vidéo, photomontage ou musique si vantée aujourd'hui existait déjà pendant ces années-là avec une liberté inouïe », souligne Hébel. Pour cette année, la plupart des expositions ont été regroupées par « promenades ». « Les gens ont envie qu'on leur raconte des histoires. En leur proposant une balade à travers plusieurs expositions autour d'un même thème, on les aide à comprendre une problématique et à mieux appréhender la programmation », poursuit le directeur de la manifestation. Parmi elles, celle dédiée à l'Argentine. « Ces artistes ne partagent pas une esthétique commune mais on retrouve chez tous une même préoccupation pour les questions d'identité et de mémoire des années de dictature. » Autres promenades, celle consacrée à l'argentique (voir l'article sur Ernst Haas, ci-contre), ou encore celle autour du rock avec notamment une exposition de portraits de Mick Jagger.Mais en Arles, il est aussi question de passer le témoin comme s'apprête à le faire Marin Karmitz en montrant sa collection (voir interview ci-contre). Ou encore l'exposition « France 14 » qui rassemble le travail d'une quinzaine de photographes. Déjà réunis par Raymond Depardon en 2006, ils sont pour cette fois invités à donner leur vision de la France d'aujourd'hui. « Du lourd et du piquant », promet Hébel pour cette programmation.Yasmine Youssi
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