La refonte de la formation des enseignants attise les offres du privé

« Génération sacrifiée ». C'est ainsi que Patrick Baranger, vice-président de la Conférence des directeurs d'instituts universitaires de formation des maîtres (CDIUFM) qualifie les enseignants débutants de la rentrée 2010. La réforme de la formation des enseignants (qui impose un niveau bac +5 pour passer le concours), qui s'applique à la rentrée, supprime de fait l'année de stage en alternance après le concours et limite à des stages non obligatoires la formation pratique avant le concours. Or, les lauréats du concours 2010, année transitoire, dispensés de 2e année de master, vont arriver devant les élèves à temps plein en septembre sans formation pratique. Une plongée dans le grand bain. Certes, ils seront secondés par un professeur référent et formés un tiers de leur temps. Mais « l'organisation des formations diffère d'une académie à l'autre », constate Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp-FSU.« trousse de survie »Une carence dont s'est emparé Forprof, leader privé de la préparation aux concours, notamment pour les candidats non étudiants (à 70 % des femmes en activité). L'institut propose ainsi en août et aux prochaines vacances scolaires aux débutants de primaire des stages d'une semaine « de prise en main et de gestion de [leur] première classe ». Il s'agit d'offrir (pour 600 euros) une « trousse de survie pédagogique » avec des modules spécifiques pour les zones d'éducation prioritaire, explique Patrick Foglia, le président de Forprof qui projette de faire du « coaching pédagogique » à la rentrée et de se tourner vers les professeurs du secondaire. Selon lui, « les universités sont mal équipées pour préparer aux nouveaux oraux très professionnalisants ».La majorité des universités s'est pourtant évertuée à construire des masters intégrant des stages, parfois même obligatoires comme c'est le cas pour le master cohabilité par l'IUFM de Lorraine et les universités de Nancy et de Metz (12 à 16 semaines). Dans l'entourage de Luc Chatel, on assure réfléchir, en lien avec les académies et les universités, à l'instauration de véritables masters en alternance, avec 50 % de stages rémunérés et comptant dans la validation des acquis. De quoi freiner les ardeurs des organismes privés. Reste que « pour 100.000 candidats présents, les universités vont devoir créer 80.000 places de stage, ce qui va être quasiment impossible pour certaines académies », prévient Guy Barbier, secrétaire national du SE-Unsa. Clarisse Jay
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