La croissance s'essouffle déjà aux États-Unis

La première estimation n'est pas toujours la bonne, mais économistes et acteurs sur les marchés attendaient avec impatience la mesure initiale de la croissance du PIB américain au deuxième trimestre, publiée en fin de semaine dernière, afin de mieux apprécier les dangers qui pourraient poindre à l'horizon. Les chiffres du département du Commerce auront sans doute conforté les plus pessimistes dans leur analyse... Chacun attendait un essoufflement de la reprise. Mais les chiffres publiés sont pires que ce pronostic. En rythme annualisé, l'activité économique américaine n'a progressé que de 2,4 % entre avril et juin, alors que sur les trois premiers mois de l'année, la hausse avait été de 3,7 %. Les économistes dans leur ensemble tablaient plutôt sur une hausse 2,6 % sur le deuxième trimestre. Pis, « les jugements issus des enquêtes auprès des entreprises et des ménages se sont détériorés au cours des derniers mois, suggérant une croissance de l'activité qui continuerait de se modérer au second semestre », note Caroline Newhouse-Cohen, économiste spécialiste des États-Unis à la banque BNP-Paribas. Elle n'est pas la seule à envisager un essoufflement supplémentaire de la croissance dans les mois qui viennent. Selon certains observateurs, la progression annualisée du PIB américain pourrait ainsi s'établir à seulement 1,5 % sur la deuxième moitié de l'année. Car si les entreprises ont repris leurs investissements en équipement et en informatique (+?21,9 %, contre 20,4 % au premier trimestre), et se sont même enfin lancées dans des dépenses en bâtiments (+?5,2 % contre 17,8 % au premier trimestre), il semble justement qu'elles misent sur l'amélioration de l'outil de production pour doper leurs performances. Pour l'instant donc, pas question d'embaucher... Certes, les économistes sont unanimes : la substitution du capital à la main d'oeuvre ne dure qu'un temps. Mais pendant ce temps, les créations d'emplois n'augmentent pas, un taux de chômage élevé persiste, et la confiance des ménages s'érode. D'ailleurs, selon les statistiques publiées séparément en fin de semaine dernière sur la confiance des consommateurs, le jugement de ces derniers est sans appel : l'indice de confiance a reflué à son plus bas niveau depuis neuf mois. La raison ? La faiblesse du marché de l'emploi. Pas étonnant dans ces conditions que le taux d'épargne soit en hausse sur le deuxième trimestre, à 6,2 % (contre 5,5 % au premier trimestre). De même, les dépenses de consommation, responsables de près des trois quarts du PIB américain, ont faibli sur le deuxième trimestre, passant d'une progression de 1,9 % au début de l'année à une hausse de 1,6 % au printemps. Pourtant, paradoxalement, c'est bien la consommation, mais de produits importés, cette fois (et de ce fait, soustraits du calcul de croissance du PIB), qui a pénalisé l'activité économique au deuxième trimestre. Les importations ont ainsi progressé de 28,8 %, tandis que les exportations, en légère amélioration du fait de la reprise mondiale, n'ont augmenté que de 10,3 %.
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