Les entrepreneurs se plaignent d'une fiscalité lourde mais surtout trop complexe

Avec les négociations sur le projet de loi de Finances (PLF) pour 2014, la fiscalité se place une nouvelle fois parmi les sujets prioritaires de cette rentrée politique. A l\'occasion de l\'université d\'été du Medef, le président de l\'organisation patronale, Pierre Gattaz, n\'a pas manqué d\'interpeller Pierre Moscovici sur le sujet lors d\'une plénière exceptionnelle qui les réunissait jeudi 29 août en début d\'après-midi. Il a alors dénoncé une fiscalité qu\'il juge peu claire : « Arrêtons de complexifier le système ! » s\'exclame-t-il. Sous la grande tente, les applaudissements ne se font pas attendre. « La fiscalité est bien trop complexe, il faut simplifier cette empilement de taxes » confirme un entrepreneur, François Pointurier, qui vient d\'écouter attentivement l\'échange. Le dirigeant d\'Elekta, une société suédoise qui commercialise du matériel médical, ne manque pas de pas de faire remarquer que cette complexité engendre des coûts supplémentaires pour les entreprises.Stabiliser la fiscalité pour décider plus sereinementMais quand on s\'aventure un peu plus loin dans les allées, nombreux sont ceux qui se montrent réticents à s\'exprimer sur la fiscalité... justement par ce qu\'ils la trouvent souvent trop difficile à décrypter. Tout au moins s\'accorde-t-on à dire que le manque de stabilité dans la politique fiscale provoque une incertitude néfaste à la prise de décision. Les patrons dénoncent un système trop changeant : « Comment voulez-vous prendre des décisions concernant la stratégie économique de l\'entreprise à 5 ans en se basant sur des mesures fiscales susceptibles de changer d\'un Projet de loi de Finance à l\'autre ? » interpelle l\'un d\'entre eux.Au cours de la séance plénière organisée un peu plus tôt dans la journée à partir de la formule choc « La France, enfer fiscal ? », constat est fait qu\'en France, peu de think tanks se concentrent sur la fiscalité. L\'un des intervenants souligne que, malgré sa démarche de consultation de patrons sur ce thème, afin de se rencontrer pour mener des discussions sur le sujet, peu de retours lui sont parvenus…Assainir les discussions pour arriver à faire front communVu de l\'étranger, cette réticence à s\'exprimer étonne : «Ce que je ne comprends pas c\'est que la fiscalité ne soit pas quelque chose de discuté au sens large » s\'exclame auprès de La Tribune Arnaud Thysen, Belge et organisateur de l\'European Business Summit en mai prochain à Bruxelles. « Il faut changer d\'attitude envers l\'impôt » déclare à son tour François Baur, délégué de la Fédération des entreprises suisses. Dans son pays, les citoyens les taux d\'imposition varient en partie en fonction des communes, et sont validés par les habitants lors de votes. Résultat : « Les Suisses voient plus clairement les effets des impôts et le dialogue est moins crisp黠 explique François Baur.L\'un comme l\'autre décrivent un dialogue beaucoup plus décontracté entre représentants politiques et entrepreneurs dans leurs pays respectifs. L\'enjeu des négociations est pourtant de taille : réussir à trouver un point de vue commun non seulement à l\'échelle nationale, mais aussi européenne. « Si l\'on veut améliorer la compétitivité de l\'Europe, il va falloir se liguer au niveau européen » avance Arnaud Thysen. Un point de vue qui rejoint celui de Daniela Weber-Rey, membre de la direction de la Deutsche Bank, qui déclarait dans la matinée : \"Il faut stabiliser la fiscalité pour rétablir la confiance. C\'est un défi non seulement pour la France mais pour l\'Europe.\"Compte tenu de l\'état d\'esprit relativement crispé des entrepreneurs face au sujet de la fiscalité et de la détermination de Pierre Gattaz de se montrer offensif, les discussions entre représentants patronaux et gouvernement promettent d\'être agitées. Mais chacune des parties semble néanmoins prêtes à s\'y essayer. Le ministre de l\'Economie et des Finances, Pierre Moscovici a d\'ailleurs saisi l\'opportunité de son allocution devant le patronat ce jeudi pour inviter le Medef, l\'Afep et la CGPME (Confédération générale des Petites et Moyennes entreprises)  à Bercy pour réformer ensemble la fiscalité qui pèse sur la production dans le cadre du Budget 2014. Reste à voir à quel point ils réussiront à s\'accorder. 
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.