Sportfive et la Fédération de foot condamnées

ortIronie de l'histoire, c'est Lagardèrerave;re qui va payer pour les fautes commises par Jean-Claude Darmon. En effet, le groupe d'Arnaud Lagardèrerave;re a racheté fin 2006 Sportfive, la société du « grand argentier du football français ». Il a ainsi hérité des poursuites engagées en 2001 par l'Autorité de la concurrence contre cette société de gestion de droits audiovisuels en raison des relations incestueuses avec la Fédération française de football (FFF). Ces poursuites ont abouti hier à une amende de 6 millions d'euros infligée à Lagardèrerave;re pour « entente » avec la fédération. Celle-ci écope seulement d'une amende de 900.000 euros, car elle a reconnu les faits et promis de mettre en concurrence ses droits audiovisuels et marketing.opacitéLa FFF, depuis le début des années 1980 et jusqu'en 2002, avait accordé à Jean-Claude Darmon, sans aucune mise en concurrence, toute une série de contrats exclusifs pour ses relations publiques, ses panneaux publicitaires, ses droits marketing (publicité sur les maillots, dans les stades?). Cela grâce aux « relations personnelles et opaques » entretenues entre Darmon et la FFF, déplore l'Autorité. L'inceste est patent dès le départ, car Jean-Claude Darmon sera jusqu'en 1994 directeur de la promotion, puis de la communication de la FFF, tandis qu'un autre dirigeant de la FFF travaillait aussi pour lui.Le directeur général de la fédération sportive déclarera lors de l'enquête que « la FFF devait verser à Darmon des commissions d'apporteur d'affaires qui s'élevaient entre 12 % à 15 % des contrats. Les contrats étaient signés parfois sur un coin de table, à la fin d'un repas entre Darmon et Jean Fournet-Fayard [président de la FFF jusqu'en 1993]. Lorsque Claude Simonet est arrivé à la présidence en 1994, le plus souvent, cela se passait en tête-à-tête entre lui et Darmon? Avec Simonet, Darmon arrivait à obtenir ce qu'il voulait en l'embrouillant ».mise en concurrenceAinsi, Jean-Claude Darmon est parvenu à « verrouiller le marché, et évincer les concurrents potentiels », pointe le gendarme de la concurrence. En pratique, les contrats signés entre la FFF et Darmon étaient de très longue durée, car ils étaient souvent renouvelés tacitement bien avant leur terme, « sur une durée totale de dix-sept ans ».Mais ces petits arrangements ont fini par énerver la Cour des comptes, qui réclame une mise en concurrence. En 1989, Fournet-Fayard promet de le faire, mais rien ne se passe. Il faudra qu'en 2001 la Cour des comptes, mais aussi le ministère des Sports, remontent au créneau pour que la FFF s'exécute et finisse par mettre Jean-Claude Darmon en concurrence. Malheureusement, cet appel d'offres « artificiel » a été « faussé volontairement par la FFF et Darmon », constate l'Autorité. Simonet imposa d'abord que l'appel d'offres ne soit pas rendu public, mais reste confidentiel, et ne soit envoyé qu'à trois sociétés : Havas Sport, Media Pro (qui était en relation d'affaires avec Darmon) et bien sûr Darmon. Le leader mondial IMG n'est même pas consulté par la FFF, et son dirigeant dira lors de l'enquête avoir été « choqu頻 par cette exclusion « inconcevable ». Selon lui, IMG aurait « perdu son temps » en déposant « une candidature vouée à l'échec » dans cet « appel d'offres truqu頻, où « Havas n'a fait que jouer le rôle de lièvre ou de faire-valoir pour Darmon ».De son côté, Havas, pour élaborer son offre, pose plusieurs questions à la FFF sur ses contrats en cours, notamment sur le montant minimum que Darmon garantit à la FFF. Simonet consulte alors Darmon, qui met son veto : « Je refuse de dilapider mon fonds de commerce. » La FFF refuse donc de donner les informations demandées par Havas. Ce dernier dépose une offre, mais sans minimum garanti, ce qui le disqualifie. Il demandait pourtant une commission inférieure à celle de Darmon !Mais ce n'est pas tout. Une fois remporté l'appel d'offres, Darmon le renégocie dans la foulée avec la FFF et obtient de le rééquilibrer en sa faveur? Finalement, en 2005, Simonet est remplacé par Jean-Pierre Escalettes, qui renégocie fermement tous les contrats avec Darmon. La Fédération de football voit alors ses recettes augmenter : les droits marketing et télévisuels passent de 114 à 185 millions en trois ans, et les sommes apportées par Sportfive grimpent de 55 à 79 millions. « L'entente avec Darmon, qui a été pour la FFF la voie de la facilité, ne lui a finalement pas profit頻, conclut l'Autorité de la concurrence.
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