Les ambiguïtés de la réforme du FMI

GouvernanceLes pays émergents sont sortis grands vainqueurs du G20 de Pittsburgh. Non seulement, le G20 se substitue au G7 comme principal forum de coopération économique, mais les pays émergents voient leur poids renforcé au sein des institutions de Bretton Woods. Le G20 s'est ainsi accordé pour transférer 5 % des droits de vote des « pays développés » vers les pays « sous-représentés » notamment les pays d'Asie. Une victoire importante pour les grands émergents, qui réclament depuis des années une hausse de leurs droits de vote à proportion de leur poids sur la scène internationale.le doute demeureMais, comme souvent, le diable se loge dans les détails. Une réforme des droits de vote a déjà été engagée depuis plusieurs années. Elle prévoit un accroissement des pays émergents de 3 % d'ici à 2011. Le nouvel engagement du G20 d'accroître les droits de vote des pays sous-représentés de 5 % s'ajoute-t-il au 3 % de la réforme en cours ? À quelques jours des assemblées générales du FMI, les 6 et 7 octobre à Istanbul, le doute demeure. « Il y a une vraie ambiguïté sur le fait de savoir si les 5 % incluent ou non les 3 % de la réforme en cours », admet-on à Paris, où l'on reconnaît que « les termes du communiqué final du G20 peuvent être interprétés différemment par les pays émergents et les pays industrialisés ».De nombreux pays asiatiques sont sous-représentés au sein de l'organisation. Les droits de vote de la Chine sont, par exemple, inférieurs de 3,5 % à ce qu'ils devraient être, ceux de la Corée du Sud de 0,8 %. Les pays industrialisés sont, pour leur part, globalement surreprésentés de 2,3 %, dont 1,9 % pour les Européens. Mais c'est également le cas de l'Arabie Saoudite, qui dispose de 2,9 % des droits de vote alors qu'elle ne devrait peser que 0,8 %. « Même avec un basculement de 5 points des droits de vote des pays avancés vers les pays émergents, la Chine n'atteindra pas les 7,5 % qui lui reviennent », souligne-t-on au FMI.méfianceLa meilleure représentativité du FMI est une question capitale. Il y va de sa légitimité. Le G20 s'est accordé pour renforcer le mandat du FMI qui fera désormais des recommandations de politique économique à ses pays membres deux fois par an avec pour objectif de réduire les déséquilibres de l'économie mondiale. Des conseils acceptables si tout le monde est représenté à due proportion dans l'institution. Or, comme le rappelle Jean Pisani-Ferry, directeur du centre Bruegel, « la méfiance des émergents à l'égard des institutions financières internationales est aujourd'hui grande. La révolution philosophique du FMI, qui a prêté des milliards de dollars à plusieurs pays d'Europe de l'Est sans exiger en retour de politique de rigueur, est interprétée comme le fait que le FMI est une institution européenne ». Xavier HarelLes droits de vote de la Chine sont, par exemple, inférieurs de 3,5 % à ce qu'ils devraient être.
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