Le Vieux Continent coupé en deux

EuropeL'Europe illustre parfaitement le phénomène de sortie de crise en ordre dispersé. Deux éléments guident l'évolution de l'activité : l'euro et son envolée, d'une part, et le modèle sur lequel s'appuie chaque économie, de l'autre. Dans certains cas, l'euro fort peut pénaliser les exportations, tandis que dans d'autres le modèle choisi peut se révéler précieux ? ou non ? pour surfer sur la reprise mondiale. Question monnaie, « la Grande-Bretagne et les États-Unis possèdent des leviers autres que les réductions d'impôts et la hausse des dépenses publiques », souligne ainsi Steve Barrow, chez Standard Bank. Ils peuvent décider de dévaluer leurs monnaies ? et de regagner de la compétitivité à peu de frais. Le Royaume-Uni, qui a déçu il y a deux semaines avec une croissance de son PIB au troisième trimestre en recul de 0,4 %, peut toutefois espérer que, grâce à une livre sterling faible, son industrie lui permette de sortir de la crise prochainement. Après une contraction à 4,4 % en 2009, l'activité économique pourrait ainsi progresser de 1,4 % en 2010 outre-Manche. Paradoxalement, alors que l'Allemagne, dont le modèle économique est très tourné vers les exportations (à forte valeur ajoutée, cependant), devrait souffrir de l'euro fort, son économie renoue aujourd'hui avec la croissance. Son PIB a progressé de 1,3 % au deuxième trimestre. En outre, la nouvelle coalition conservateurs-libéraux menée par Angela Merkel table sur un programme de réduction d'impôts ? 24 milliards d'euros par an ? pour doper un peu plus la croissance. De leur côté, les économies basées sur un large secteur de services montrent des divergences. La France résiste mieux que prévu à la crise et a affiché un PIB au deuxième trimestre en hausse de 1,1 %. Cela est en partie dû à une bonne tenue de la consommation : les ménages ont continué à dépenser. De plus, les exportations se sont redressées au deuxième trimestre. Les projections font état d'une croissance du PIB à 1,3 % pour 2010 (contre ? 2,1 % cette année). L'Italie, en revanche, est à la peine : elle ne devrait connaître une sortie de la récession que vers la fin de l'année. Le pays afficherait un PIB en recul de 4,9 % sur 2009 et une progression de seulement 0,7 % en 2010, grâce à une consommation intérieure stimulée par des mesures fiscales. Quant à l'Espagne, aux prises avec une forte dégradation du marché du travail (taux de chômage à 19,3 %), une crise immobilière et une faible compétitivité, elle devra attendre 2011 pour sortir du marasme. Son PIB devrait reculer de 0,3 % en 2010, après une contraction de 3,7 % cette année. Pis, le gouvernement a dû se résoudre à augmenter les impôts pour alimenter son budget ? de quoi plomber un peu plus la demande intérieure?le tigre polonaisCas inverse, enfin, la Pologne. Après une croissance de 1 % cette année, l'activité devrait augmenter de 1,9 % en 2010. Cette croissance est soutenue par une demande intérieure dynamique ? en juillet, les ventes de détail progressaient de 5,7 % ? couplée à une moindre dépendance aux exportations, qui représentent moins de 40 % du PIB. Robert Jule
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