Le nouveau visage de la gestion alternative

Sous l'effet de la crise, la convergence entre gestion traditionnelle et gestion alternative s'est accélérée ces derniers mois, notamment dans l'offre produits. De plus en plus de sociétés de gestion proposent désormais des produits alternatifs conformes aux normes européennes Ucits 3. C'est le cas, entre autres, de Merrill Lynch, Brevan Howard AM, Dexia AM, Cazenove Capital Management, Exane, GLG Partners. D'autres annoncent y réfléchir fortement. On recense aujourd'hui environ 200 fonds de ce type. « Ce mouvement n'est pas nouveau, rappelle Fabrice Cuchet, responsable de la gestion alternative chez Dexia AM. Nous proposons ce type de fonds depuis 1996. » Pour Éric Bertrand, responsable du développement produits chez NewFinance Capital, filiale de Schroders, « la conjoncture n'a fait que l'accélérer, c'est un catalyseur ». Schroders vient d'ailleurs de créer Schroder Gaia, une plate-forme alternative composée uniquement de fonds Ucits 3, et précise que ce projet était dans les tuyaux depuis 2007. Mais, pour de nombreux professionnels, le développement de cette offre est structurel, car « les investisseurs demandent aujourd'hui des produits transparents, liquides, sécurisés, sur lesquels il n'est pas possible de mettre des gates, ce qu'offre l'enveloppe Ucits 3 », indique Cyril Julliard, président de Eraam. De plus, « à travers ce type de fonds, les investisseurs institutionnels recherchent avant tout des produits liquides à performance absolue », déclare Jean-François Bay, président de Seeds Finance. Enfin, les gérants anglo-saxons, plutôt favorables aux fonds offshore, s'engagent aussi sur cette voie. C'est plutôt bon signe.L'offre commercialisée revêt principalement deux formes. D'un côté, les sociétés de gestion qui proposent de nouveaux produits labellisés Ucits 3. C'est le cas de EFG Capital Management France en collaboration avec Seeds Finance, qui propose le premier fonds de hedge funds Ucits 3 dans l'Hexagone. « Nous avons choisi le fonds de fonds, car il est difficile pour un investisseur de faire lui-même son choix parmi 200 produits », explique David Kalfon, directeur des investissements de EFG AM France. compatibilité à vérifierDes spécialistes de l'alternatif, comme GLG Partners ou Brevan Howard, ont également lancé de nouveaux produits. De l'autre, des gérants, qui ont simplement converti des stratégies offshore dans des fonds onshore. Pour cela, « il faut avant tout s'assurer que les fonds offshore soient compatibles avec les contraintes Ucits 3 », prévient Éric Bertrand.Avec ces produits, les promoteurs élargissent leur périmètre de commercialisation dans l'espoir d'augmenter la collecte. « Nous proposons aujourd'hui un fonds long-short equity Ucits 3 accessible à tout souscripteur en conservant la stratégie mise en ?uvre depuis l'origine du fonds », indique Thierry Dupont, directeur du développement de BDL Capital Management. Pour Fabrice Cuchet, « nous allons désormais toucher les institutionnels jusque-là réticents à aller sur du offshore. Cela leur donne plus d'opportunité de diversifier leur allocation ». Quant aux particuliers, « on a identifié une demande des conseillers en gestion de patrimoine, indique David Lenfant, associé de Laffitte Capital Management qui s'apprête à lancer ce type de produit. De plus, le ticket d'entrée d'un fonds Ucits 3 est inférieur à celui d'un fonds Aria EL ».Mais l'offre Ucits 3 n'est pas la panacée. Pour Cyril Julliard, « c'est la carrosserie d'une voiture de sport avec un moteur de tracteur, car les contraintes d'investissement sont différentes ». Si l'effet de levier est autorisé, il est capé à 200 %. La vente à découvert est possible via des CFD (contrat pour la différence), des ETF (fonds indiciels cotés), des futures ou des swaps, avec un risque de contrepartie capé à 10 % des actifs du fonds. À l'inverse, il ne peut y avoir de futures sur matières premières dans un Ucits 3, ni de « gates » (limiter les rachats). Par ailleurs, certaines stratégies ne sont pas transposables en Ucits 3. Si les plus liquides, comme le long-short equity, le sont, ce n'est pas le cas de certaines stratégies de crédit (distressed debt), et d'arbitrage. Quant à la performance, celle d'un Ucits devrait être inférieure, tout comme le risque, car la liquidité a un coût. « En fonction des attentes des investisseurs, les deux types de produits continueront à cohabiter », assure David Lenfant. Les fonds de pension, qui ont de longs horizons d'investissement, privilégieront les fonds offshore. En revanche, l'émergence des fonds Ucits 3 peut sonner la fin de la gestion alternative à la française avec les fonds Aria et Aria EL qui n'ont jamais décollé aussi bien en termes d'offres que d'encours gérés.
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