Des banquiers superstars

Dans la banque d'affaires, les ingénieurs de formation gagnent, toutes choses égales par ailleurs, 60 % de plus que dans le reste de l'économie. C'est peu si l'on pense que les titulaires d'un MBA de Stanford y gagnent deux fois et demi ce qu'ils gagneraient ailleurs. Mais cela fait de la banque d'affaires un îlot de prospérité dans le monde divers de la finance, où l'avantage moyen des rémunérations se réduit à 27 % si l'on considère tous ses métiers. C'est ce qui ressort des travaux de recherche d'une doctorante de l'Ecole d'économie de Toulouse, Claire Célérier, qui a publié ses conclusions portant sur l'étude des systèmes de rémunération dans les vingt-cinq dernières années dans le Document de Travail n°294 de la Banque de France. Or cette prime sur le reste de l'économie, qui a explosé depuis le début des années 1980 avec l'hypertrophie galopante des banques et l'explosion des indices de marché, a fait de la finance un secteur de plus en plus couru : il faut dire que parmi les 1 % d'ingénieurs les mieux payés, plus de la moitié y travaillent aujourd'hui, contre moins de 5 % en 1983. Si les rémunérations y sont si élevées, elles sont aussi extrêmement hétérogènes et beaucoup plus variables qu'ailleurs, étant directement liées aux profits. De cette étude, il ressort que les banquiers de talent sont comme les stars de rock ou les joueurs de foot d'exception : ils bénéficient d'un effet multiplicateur du talent sur des résultats infiniment plus élevés qu'ailleurs. C'est le fameux « effet superstar », identifié dès 1981 par l'économiste américain Sherwin Rosen. En d'autres termes, la banque est un secteur particulièrement sensible aux compétences très spécifiques et à l'expérience accumulée par les individus eux-mêmes. Comme dans «l'entertainment» ou les clubs de foot, les sommes brassées y sont si élevées, que le moindre différentiel de talent a un rendement spectaculaire sur les résultats. Voilà pourquoi les banques du monde entier restent en concurrence les unes avec les autres pour s'arracher les meilleurs. Et pourquoi, malgré les incantations politico-populistes, les rémunérations totales ne baissent pas.
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