Le Tea Party impose de nouvelles têtes en politique

Aux États-Unis, on appelle les débutants des « rookies ». C'est vrai pour la saison de base-ball ou de basket, mais aussi en politique. Or les novices sont nombreux à se présenter devant les électeurs, à l'occasion des élections de mi-mandat de ce mardi. Si autant de nouveaux venus en politique ont réussi une percée dans la course au Sénat, à la Chambre et pour les postes de gouverneurs, c'est parce qu'ils ont surfé sur le désaveu de l'électorat pour l'élite politique traditionnelle. Toutes tendances confondues, les électeurs rejettent les candidats de l'establishment, incapables, à leurs yeux, de les représenter. Mais la présence de ces nouvelles têtes est aussi, et surtout, l'illustration de la montée en puissance d'un mouvement, qui ne se veut ni une troisième voie ni un troisième parti, face aux deux camps traditionnels, démocrate et républicain. Appelé le Tea Party, en référence à la rébellion des colons, qui s'étaient élevés, en 1773, à Boston, contre les taxes prélevées sur les importations de thé par la couronne britannique, ce mouvement populaire est né de la colère de certains Américains face au sauvetage des banques, opéré sous l'ère Bush, alors qu'ils considéraient ces institutions responsables de la crise financière, puis face au gigantesque programme de relance économique, qui allait grever le budget de l'État et le leur... Autant d'ingérence de la part d'un « big government » était inacceptable. Et quand Barack Obama a fini par arracher sa réforme de la santé, contraignant tous les citoyens à se doter d'une assurance-maladie, c'en était trop pour les « tea parties » !Afin de ratisser le plus large possible, les militants, dont on ne sait toujours pas s'ils ont rejoint un mouvement spontané ou, au contraire, savamment orchestré par quelques riches sponsors, ont décidé de se concentrer sur le seul débat économique, même s'ils sont résolument ancrés à droite sur les questions de société. Parler du mariage gay ou de l'avortement aurait été trop clivant... Reste que les « rookies » se sont déjà pris les pieds dans le tapis, surtout quand ils se font entraîner sur le terrain des fameuses questions de société. OutrancesChristine O'Donnell, la candidate du Tea Party pour un poste de sénateur dans le Delaware, est aujourd'hui hantée par une vidéo de 1996, où elle estime que la masturbation est une forme d'adultère. Sharron Angle, son homologue dans le Nevada, estime que les terroristes qui menacent l'Amérique viennent... du Canada. Quant à Joe Miller, nominé par les « tea parties » en Alaska à la place de la très respectée Lisa Murkowski, il a acquis une certaine notoriété quand son service de sécurité a menotté un journaliste qui tentait de lui poser une question.Autant dire que la politique ne s'improvise pas... Dans ces conditions, même si, dans plusieurs États, de la Floride à l'Alaska en passant par le Nevada, le Kentucky et le Delaware, les « tea parties » ont imposé leur poulain et forcé les candidats républicains traditionnels à opter pour la surenchère idéologique, il est probable que, entre leurs bévues et leur positionnement extrémiste, les novices de ce mouvement populiste de droite rebutent les électeurs, en particulier les républicains modérés.C'est évidemment l'espoir des stratèges démocrates. Qui comptent également sur la « machine » washingtonienne pour les broyer si d'aventure ils étaient élus. Bureau minuscule, siège dans une obscure commission qui les empêchera de briller, les « rookies » du Tea Party pourraient vite être mis hors d'état de nuire.
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