Robert Four capitalise sur son savoir-faire

limousin/textileDepuis 1952, la manufacture familiale Robert Four perpétue son savoir-faire en se développant sur un marché de niche. À l'origine, l'atelier créé par Robert Four, spécialisé dans le tissu d'ameublement d'avant-garde, s'est diversifié dans les années 1960, suite à la reprise d'un atelier de tapisserie à Felletin (Creuse) transféré à Aubusson. Pierre-Olivier Four, son fils, s'évertue à moderniser l'image d'une activité restée manuelle. Le marketing direct et la gestion relation client sont toutefois appliqués ici depuis trente ans. « S'il est impossible de faire des gains de productivité en fabrication, nous avons pu en faire grâce à une stratégie commerciale basée sur la vente directe, ce qui a permis de doubler le chiffre d'affaires de 2004 à 2008 et de gagner 20 % cette année, dépassant 10 millions d'euros avec 180 salariés. Nous ne déplorons aucun licenciement depuis dix-sept ans, en grande partie grâce à une externalisation réussie à Tunis », explique Pierre-Olivier Four. L'ouverture de cet atelier tunisien (80 salariés) a même dopé l'activité et les effectifs du site creusois.Les deux tiers des tapisseries sont fabriquées à Tunis, avec une technique identique. La différence est dans le coût de la main-d'?uvre, qui constitue l'essentiel du prix. « Il varie selon la difficulté et le temps passé pour le tissage, confie le PDG, à partir de 10.000 euros pour une ?uvre de 1,5 m2 et sans limite car une tapisserie est une ?uvre d'art contemporain. » Les artistes s'intéressent d'ailleurs de plus en plus à ce support, transformant la manufacture en centre de création, c'est « en quelque sorte notre R&D », se félicite Pierre-Olivier Four.un atout pour l'exportLa manufacture réalise 600 tapisseries par an et 50 tapis, en majorité pour des particuliers. L'inscription au patrimoine immatériel mondial par l'Unesco arrive à point nommé pour sauvegarder un secteur en difficulté. Seuls trois manufactures et quelques artisans lissiers subsistent à Aubusson, Robert Four étant la plus importante. « Cette reconnaissance apporte une autre dimension à la tapisserie d'Aubusson, un savoir-faire désormais consacré. Et un atout pour l'export car notre métier, très connu en France, l'est peu à l'étranger. Cela nous aidera à convaincre Américains et Japonais que nos oeuvres ont beaucoup de valeur et justifient leur prix. Nous allons développer notre stratégie commerciale à l'export en nous appuyant sur cette crédibilité apportée par l'Unesco pour provoquer des retombées », insiste le PDG. D'ici là, la manufacture va honorer la commande d'un tapis de 200 m2 pour la datcha d'un milliardaire russe, le record de 100 m2 du « Guinness Book » devrait alors tomber.Corinne Mérigaud, à Limoge
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