Jean-Marie Messier confronté à ses dires de 2002

MédiasLes choses ont commencé à se gâter pour Jean-Marie Messier. La semaine dernière, l'ancien PDG de Vivendi, qui témoigne à New York dans le cadre du procès collectif (« class action »), avait été interrogé fort poliment par son propre avocat. Mais lundi a commencé le contre-interrogatoire par les plaignants, qui l'ont confronté à ses propres déclarations de 2002. D'abord, il avait admis auprès de la COB (devenue AMF) que Vivendi avait subi « en juillet 2002 une crise de trésorerie », qui ne s'était toutefois pas traduite pas une « crise de solvabilit頻. Une « crise de trésorerie » aussi évoquée dans son livre « Mon vrai journal ». Des déclarations qui contredisent la ligne de défense des avocats de Vivendi, selon qui « il n'y a jamais eu de crise de trésorerie ».Immédiatement, l'avocat de J2M a tenté d'écarter ces pièces des débats en raison d'« erreurs de traduction », qu'il a été bien en peine de trouver quand le juge lui a demandé de les préciser? « En juillet 2002, je n'étais plus PDG, et donc je n'avais pas toute l'information », a argué ensuite Jean-Marie Messier.Sur le fond, il a souligné que le groupe avait toujours honoré ses dettes, et était parvenu à emprunter de l'argent à l'été 2002. « Or aucune banque ne vous donne de l'argent si vous avez un risque majeur de trésorerie. » Il a aussi rappelé avoir acheté pour près de 17 millions d'euros d'actions Vivendi entre fin 2001 et l'été 2002, notamment au moyen d'un prêt de 5,3 millions contracté fin 2001. « J'ai donc fait l'inverse de ce qu'aurait fait quelqu'un craignant une baisse du cours de Bourse. » L'accuser d'avoir caché une crise de trésorerie est donc « ridicule ».perte de crédibilitéL'ex-PDG a affirmé avoir démissionné pour d'autres raisons : « J'avais perdu toute crédibilité et confiance vis-à-vis des marchés, et j'étais devenu un obstacle. » Il avait aussi contre lui les cinq administrateurs nord-américains, représentant la famille canadienne Bronfman, qui voulaient sa tête. En mai 2002, il découvrira, en entendant une conversation entre deux administrateurs nord-américains, qu'ils avaient élaboré un plan secret pour le faire partir, ayant pour nom de code « game plan ». Puis il apprendra que « les amis canadiens de la famille Bronfman ont fait pression sur Bernard Arnault pour qu'il quitte le conseil d'administration » ? ce qu'il fera le 24 juin 2002. Il le reprochera alors au patriarche Edgar Bronfman Sr, qui le traitera de menteur et de « paranoïaque ».Parallèlement, un administrateur canadien, Samuel Minzberg, avocat des Bronfman, « essayait de déstabiliser le conseil », en accusant la direction de ne pas avoir révélé dans ses comptes des promesses d'achat d'actions. Samuel Minzberg ira même jusqu'à lancer un « fuck you » à l'anglais Simon Murray, un administrateur pro-Messier, lors du conseil du 25 juin 2002. Juste après, les administrateurs français, qui soutenaient jusque-là J2M, le lâcheront.
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