Crise de l'euro : le gouvernement italien craint la contagion

Secrétaire d'État de la présidence du Conseil italien, Gianni Letta est d'ordinaire d'une prudence de cardinal. Mardi, le bras droit de Silvio Berlsuconi n'a tout de même pas caché sa « crainte d'assister à une attaque contre l'euro qui risquerait d'impliquer, dans le sillage de la contagion irlandaise, des pays plus solides comme l'Espagne, le Portugal et, qui sait, l'Italie ». Le même jour, l'écart entre les bons du Trésor italien et les bunds allemands a atteint 210 points de base, soit le niveau le plus élévé jamais enregistré depuis le lancement de la monnaie unique.Jusqu'à présent, les responsables transalpins, ministre de l'Économie en tête, faisaient régulièrement assaut de sérénité expliquant que les mesures d'assainissement adoptées par Giulio Tremonti permettaient d'éviter des dérapages budgétaires et que l'endettement abyssal du pays (118,2 % du PIB) n'était pas alarmant car compensé par une épargne privée très forte. Mais l'emballement des marchés et la réaction tardive de l'Union européenne face à la crise financière ont ramené les nuages au-dessus de la péninsule. Tout en louant le sérieux du plan de rigueur de Rome, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a d'ailleurs estimé que celui-ci pourrait ne pas suffire. Selon les prévisions italiennes, le déficit devrait être ramené à 2,7 % en 2012 (contre 5 % cette année). Selon les estimations de l'Union européenne, la réduction devrait en réalité se limiter à 3,5 %. « Des mesures supplémentaires » pourraient donc être nécessaires. Collectif budgétaire en vueL'hypothèse d'un collectif budgétaire serait donc à l'étude pour limiter ultérieurement le déficit. Selon le quotidien « Il Foglio » proche de la majorité, 6 milliards d'euros d'économies pourraient être annoncés pour 2011 (soit 0,4 % du PIB) et autant en 2012. De mauvais augure pour Silvio Berlusconi qui doit déjà affronter une situation politique délicate et une forte agitation sociale. Mardi, les étudiants qui s'opposent à la réforme des universités et aux coupes budgétaires ont paralysé pendant plusieurs heures une dizaine de villes du pays. En chute dans les sondages, le chef du gouvernement italien devra faire face à un difficile vote de confiance le 14 décembre prochain.Robert Lavéran, à Rome
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