La reprise très contestée de T&D par Alstom et Schneider

Au lendemain de l'annonce du choix du tandem Alstom et Schneider pour racheter Areva T&D, syndicats, élus et candidats malheureux s'interrogent sur les critères qui ont mené à cette décision. « L'impression que cela donne, est que les dés ont été pipés », résume Guy Carcassonne, conseil de Toshiba, dont l'offre à 4,5 milliards d'euros a été évincée au profit de celle de 4,1 milliards des Français. « Ce n'est pas légal », ajoute le professeur de droit public, expliquant « qu'à l'évidence », c'est la nationalité des entreprises gagnantes qui a prévalu.« C'est un heureux hasard que l'offre soit française », a précisé hier Christine Lagarde, un des ministres de tutelle d'Areva, détenu à 93 % par l'État. Pour Patrick Ollier, président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, « Areva T&D restera dans l'industrie française, on ne peut que s'en féliciter ».« Pourquoi, et pour qui, cette décision, qui hypothèque gravement l'avenir d'Areva, a-t-elle été prise ? » se demandaient de leur côté les représentants des 31.000 salariés européens d'Areva T&D. « La politique industrielle de la France se résume-t-elle à démanteler les entreprises qui marchent pour honorer les promesses faites à ses amis ? »« offre la moins disante »Comme en écho, François Brottes, député PS, interpellait le Premier ministre hier après-midi à l'Assemblée. « Vous procédez au démantèlement d'Areva au détriment de sa rentabilité et de ses salariés, pour le plus grand plaisir de Martin Bouygues [principal actionnaire d'Alstom] qui va bénéficier de la vente d'Areva T&D. »Des députés UMP se sont joints à ce concert. « La préférence nationale a conduit à retenir l'offre la moins disante, qui semble la plus dangereuse pour la pérennité des emplois et des sites », a déclaré Gérard Voisin, député de Saône-et-Loire qui compte 730 salariés d'Areva T&D, présent lors de la conférence de presse du comité de groupe européen d'Areva.Dans l'hémicycle, Robert Lecou, élu de l'Hérault qui emploie 1.000 des 5.500 salariés français de Areva T&D, a qualifié « d'inacceptable » le risque sur l'emploi que faisait peser le projet Alstom-Schneider. Les syndicats chiffrent à 5.000 le nombre de suppressions de postes que pourraient entraîner en Europe les doublons industriels entre les sites Areva repris et les usines existantes de Schneider, dans la moyenne tension. La signature de l'accord final de reprise est une affaire « d'heures, au maximum de jours », selon les repreneurs qui comptent boucler l'opération avant juin 2010 après l'approbation des instances du personnel, de la Commission des participations et des transferts et de Bruxelles. Marie-Caroline Lopez
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