Airbus fait bouger les lignes du marché moyen-courrier

La partie d'échec sur le marché des avions moyen-courriers change de rythme. En lançant ce mercredi son projet d'A320 équipé de nouveaux moteurs plus économiques (NEO) à l'horizon 2016, Airbus fait coup double. Les nouveaux concurrents qui veulent, vers le milieu de la décennie, casser le duopole de l'A320 et du Boeing 737 sur le lucratif marché des moyen-courriers (150-220 sièges pour vols de cinq heures maximum) seront tenus à distance. Et Boeing, de son côté, serait sous pression.Le projet d'Airbus est très flexible sur le plan commercial, puisque les équipements permettant de réduire la consommation de carburant correspondent à des options. À l'A320 actuel qui continuera d'être vendu tel quel, s'ajoutent deux options : des ailettes verticales à l'extrémité des ailes (« sharklets »), un procédé qui diminue la consommation de kérosène d'environ 4 %. Et un package combinant ces ailettes à des nouveaux moteurs, qui entraînent des économies de carburant de 15 % par rapport à la version de base. Deux moteurs sont sélectionnés. Le LeapX de CFM, la coentreprtise de General Electric et de Safran, et PurePowerPW1100g de Pratt & Whitney. Les deux motoristes devraient financer une partie des coûts de développement du projet NEO, qui s'élève pour EADS à 1,2 milliard d'euros.La balle dans le camp de BoeingL'écart de prix entre la version actuelle de l'A320 et la plus économe avoisine les 10 %. De quoi satisfaire toutes les compagnies aériennes. Certaines, comme Air France, ne sont pas convaincues par les réductions apportées sur les coûts d'exploitation. D'autres comme la low-cost asiatique Air Asia poussaient au contraire Airbus à appuyer sur le bouton. En le faisant, le constructeur européen entend conserver une longueur d'avance face à l'émergence d'une concurrence accrue. Le chinois Comac entend lancer un appareil de plus de 150 sièges en 2016. Le russe Irkut aussi. Le canadien Bombardier, spécialisé jusqu'ici dans les avions régionaux, monte en gamme avec son C-Series. Son rival brésilien Embraer étudie un projet similaire.En modernisant l'A320, Airbus met la balle dans le camp de Boeing. L'américain va-t-il suivre, alors qu'il n'est pas très chaud ? Ou attendre, et lancer un nouvel avion vers 2019, bourré de technologies du B787 ? Ce scénario, qui tient la corde à Seattle, pourrait fragiliser Airbus. Celui-ci serait contraint de suivre.Pour autant, la tenue des calendriers est un facteur clé de cette partie de poker. Si Boeing lance un nouvel avion, il ne devra pas essuyer de retards aussi importants que le ceux du B787 (trois ans). Car une mise en service décalée vers 2023-2024 serait à son tour fragilisée par l'arrivée un peu plus tard d'un nouvel avion d'Airbus. Celui-ci, en utilisant une nouvelle architecture de moteurs (open rotors), serait plus performant. Encore faut-il qu'un tel programme ne soit pas décalé. Fabrice Gliszczynsk
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