2 Un soutien monétaire massif de la BCE

« Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites », disait le fameux sapeur Camember. Jean-Claude Trichet pourrait-il faire sien cet adage qui a conduit Ben Bernanke à mettre le bilan de la Réserve fédérale au service de l'économie américaine ? Avec pour effet immédiat une dévaluation du dollar. Et si, face au QE2 américain - un programme d'achat de 600 milliards de dollars de bons du Trésor d'ici à la fin juin -, on faisait en Europe du Trichet au cube ! Ce scénario radical est sérieusement pris en compte par les marchés. Le président de la Banque centrale européenne (BCE) a déjà franchi en partie le Rubicon malgré l'opposition bruyante du patron de la Bundesbank, avec près de 70 milliards d'achats d'obligations grecques, portugaises ou irlandaises. Il est donc faux de dire que la BCE a tout essayé : au contraire, elle s'est gardé des cartouches, à commencer par l'arme des taux qui, à 1 %, sont encore loin du taux zéro de la Fed. Côté assouplissement quantitatif, la Banque centrale européenne a aussi des marges de manoeuvre, en théorie illimitées. Plutôt que d'agir au cas par cas, en pompier de service de tel ou tel pays, elle pourrait annoncer qu'elle est prête à acheter sans limites les dettes souveraines de la zone euro. L'incertitude pourrait changer de campL'absence de limites déplacera l'incertitude du côté des marchés, comme ce fut le cas lors de l'élargissement des bandes de fluctuation du SME. Elle adresserait aussi un message politique sans ambiguïté : aucun défaut de paiement d'un État souverain ne sera toléré parce que cela engendrerait un risque systémique, de défaillance en chaîne, de tous les États de la zone. Après tout, la BCE, qui assure actuellement, pour des montants considérables, la liquidité des banques européennes et même, on le souligne peu, des banques hypothécaires allemandes en déconfiture, est bien placée pour savoir que c'est tout le système bancaire européen qui sauterait si un gros pays comme l'Espagne faisait défaut. Se dire prêt à acheter l'intégralité des émissions publiques des pays fragiles serait évidemment totalement en dehors du mandat et des statuts de la BCE. Mais aux grands maux, les grands remèdes. Quand l'essentiel est en jeu, l'imagination, une qualité plus française qu'allemande, peut prendre le pouvoir. Philippe Mabille
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