Marta Minujín, la reine de l'Argentine

« Marta Minujín est et n'est pas celle que tout le monde croit qu'elle est », clame cette dernière. Avec ça, nous voilà bien avancés pour percer les mystères de la plus célèbre artiste de l'Argentine d'aujourd'hui. C'était sans compter sur le talent de la curatrice Victoria Noorthoorn, commissaire de la prochaine biennale de Lyon, qui consacre une crépitante exposition à sa compatriote, au Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires (Malba).Née en 1941, Marta Minujín s'est intéressée à l'art dès son plus jeune âge. À 20 ans, elle se cherche à travers des tableaux futuristes inspirés de grands compositeurs. Comme cette « Música acuatica de Haendel », magnifique toile abstraite jouant sur la transparence. Mais, peu à peu, Minujín commence à travailler la matière et à privilégier l'installation. Son voyage à Paris change la donne. En 1963, elle organise avec Christo l'un de ses premiers happenings : la destruction de toutes ses oeuvres. Pour repartir de plus belle avec une série de matelas aux motifs bayadères fluo dont elle fait d'étranges habitations. Dès lors, elle ne va cesser de surfer sur la frontière ténue qui sépare l'art de la vie.Ce qui frappe le plus avec Minujín, c'est sa capacité à tout transformer en oeuvre d'art. À la biennale de São Paulo en 1978, elle met à terre une reproduction grandeur nature de l'obélisque de Buenos Aires. Ça n'a l'air de rien. Mais en pleine dictature, c'est une manière de destituer le pouvoir vertical. Elle s'en prend ensuite aux icônes dans des manifestations internationales grandioses. Comme lorsqu'elle fait construire dans la capitale argentine, en 1983, une réplique du Parthénon en livres avant de le mettre à terre et de distribuer les ouvrages au public.En présentant tableaux, installations, mais aussi des photos, des vidéos, des coupures de presse d'époque, en reconstituant certains happenings, la curatrice donne à voir la richesse du travail de Minujín tout en ravivant l'effervescence des années 1960-1970. On s'y croirait presque.Yasmine Youssi, à Buenos AiresJusqu'au 14 février. www.malba.org.
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