Impôts : au secours Vauban !

La réforme de la fiscalité française, et particulièrement celle du patrimoine, objet d'un colloque de Bercy ce jeudi, donne lieu à l'éternel combat entre Anciens et Modernes, entre réformateurs et conservateurs, entre dogmatiques et pragmatiques dans un désordre qui laisse parfois pantois. Dans ce pays où un ménage sur deux ne paie pas d'impôt sur le revenu alors que tous profitent de l'école ou de la police financées par la fiscalité, le sujet de l'élargissement de la base - auquel mènerait une fusion entre impôt sur le revenu et CSG, défendue par certains tant à gauche qu'à droite - n'a même pas été mis sur la table. Trop risqué sans doute à quinze mois de l'élection présidentielle. Nicolas Sarkozy, qui a pourtant tenu à ouvrir cette boîte de Pandore de la réforme fiscale, laisse d'ailleurs son gouvernement présenter d'abord les pistes finalement écartées sur le thème : « Voilà ce à quoi vous avez échappé », par exemple la taxation des plus-values sur la vente de la résidence principale. Que nos élites ne relisent-elles le marquis de Vauban qui écrivait en 1707 dans cet ouvrage d'un modernisme saisissant sur les impôts « la Dîme royale » : « Pour jouer pleinement son rôle, cette dîme sera claire et compréhensible par tous, facile à appliquer et stable. Mais les rois veilleront à ce qu'elle n'excède pas le nécessaire, en ce que tout ce qui sera tiré au-delà jettera les sujets dans le malaise, et appauvrira finalement le royaume tout entier. » Tout est dit : de la nécessité de ne pas modifier l'impôt tous les quatre matins, de ne pas créer d'usine à gaz fiscal, au fameux précepte du « trop d'impôt tue l'impôt ». L'ouvrage avait valu des ennuis au génial Vauban. Trois siècles plus tard, ses lointains successeurs s'emploient à ne pas appliquer sa doctrine. [email protected]
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