La candidate Merkel promet plus de dépenses publiques en Allemagne

Avec ses partenaires européens, Angela Merkel, malgré un léger apaisement ces derniers jours, reste ferme dans son exigence de réduction des dépenses publiques. Mais en Allemagne, le ton est différent. Selon l\'édition de ce vendredi du quotidien Handelsblatt, qui cite une conférence téléphonique entre Angela Merkel et des responsables de son parti, la chancelière prévoit une série de « cadeaux électoraux » d\'un montant de 28,5 milliards d\'euros.Plus d\'argent pour les famillesAu menu de ces promesses électorales : le relèvement des avantages fiscaux liés aux enfants. Dans le calcul de l\'impôt sur le revenu, chaque contribuable est imposé à partir du 8.131e euro de revenu. Cet abattement de base (Grundfreibetrag) a pour but d\'assurer un \"revenu minimum d\'existence garanti par la constitution\". Chaque enfant donne droit à un abattement qui est de moitié celui des adultes. Angela Merkel veut le relever au niveau de celui des adultes. Dans la même idée de renforcer le soutien aux familles, elle souhaite relever les allocations familiales (Kindergeld) de 184 euros mensuels à 219 euros. Ces deux mesures coûteraient 7,5 milliards d\'euros par an au budget. A cela, la chancelière ajoute la création d\'une retraite pour les mères qui ont élevé leurs enfants et une amélioration des retraites pour les personnes invalides. Selon le Handelsblatt, ces mesures pourraient coûter jusqu\'à 20 milliards d\'euros par an au budget de l\'Etat allemand.Un encadrement des loyersAngela Merkel veut donc améliorer le welfare-state allemand. A cela s\'ajoute plusieurs mesures « étatistes » : des investissements d\'un milliard d\'euros par an dans les infrastructures et surtout un encadrement strict du prix des loyers. Avec le faible coût de l\'argent et la hausse des revenus, les prix de l\'immobilier ont en effet fortement augmenté outre-Rhin ces derniers mois dans les grandes agglomérations, ce qui inquiète fortement une partie de l\'électorat. Dans son programme électoral, la chancelière prévoit que désormais les « bailleurs ne pourront augmenter les loyers que de façon limitée. » On est bien loin du discours libéral portée par la chancelière en Europe. Et certaines dents pourraient bien grincer dans le parti de la chancelière.Comment le financer ?Sur le plan économique, ces mesures pourraient clairement soutenir la consommation et l\'investissement outre-Rhin. Mais le Handelsblatt ne dit rien sur le financement de ces promesses. Certes, l\'Allemagne a des marges de manœuvres, le budget des administrations publiques est désormais équilibré. Mais ces 28 milliards d\'euros risquent de peser lourd avant 2016 et l\'obligation que fait la constitution au budget fédéral de ne pas dépasser 0,35 % du PIB. On sait que, jusqu\'ici, Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances, a accéléré le rythme de la consolidation budgétaire pour en faire un argument électoral. Il n\'est pas sûr que ce discours soit compatible avec une politique de relance comme celle-ci.Se rapprocher du centre-gaucheAngela Merkel semble donc vouloir chasser sur les terres mêmes du SPD en montrant qu\'elle n\'est pas cette « mère austérité » que décrivent les Sociaux-démocrates et les Verts. Il est vrai qu\'elle doit nécessairement désormais gagner des points sur sa gauche, car malgré sa large avance dans les sondages, la CDU est encore loin de la majorité absolue. Et elle a peu de réserve de voix à droite. Elle peut donc venir séduire les électeurs les plus centristes du SPD et des Verts. Par ailleurs, puisque les Libéraux pourraient ne pas entrer au Bundestag. Elle devra alors s\'allier avec le centre-gauche. Avec un tel programme, l\'alliance sera plus aisée. Enfin, Angela Merkel a contenu la poussée du parti anti-euro Alternative für Deutschland, qui a raté son entrée dans l\'arène politique. Elle peut donc relâcher son discours orthodoxe. C\'est aussi la raison de l\'adoucissement du discours allemand en Europe.Reste à savoir ce qui restera de ces promesses. En 2009, la chancelière avait promis de généreuses baisses d\'impôts de près de 25 milliards d\'euros. Mais en mai 2010, elle avait enterré ces promesses au nom de la consolidation budgétaire.  
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