Libre-échange : quand la Suède fait la leçon à la France

Point trop n\'en faut. Dans le projet de partenariat transatlantique, la position française semble un peu trop défensive aux yeux de la ministre suédoise du Commerce extérieur. Ewa Björling est persuadée, comme l\'assure le Commissaire européen Karel de Gucht, que les deux plus grosses économies du monde ont tout intérêt à s\'associer, grâce à ce projet de libre-échange entre l\'Union européenne et les Etats-Unis.Des chiffres très prometteurs...Selon Ewa Björling, ce partenariat serait en effet bénéfique pour l\'Union européenne. Puisque cela lui permettrait, selon les chiffres de la Commission européenne, d\'accroître son PIB de 0,5 point. Selon une étude indépendante commandée par la Commission européenne et publiée le 12 mars, le partenariat transatlantique pourrait rapporter quelque 119 milliards d\'euros par an à l\'Union européenne et 95 milliards d\'euros aux Etats-Unis.D\'après les calculs de l\'institut londonien Center for Economic Policy Research, cela se traduirait \"en moyenne par un supplément de revenu disponible de 545 euros par an pour une famille de quatre personnes dans l\'Union européenne\". \"Un chiffrage de salon\", selon la ministre française Nicole Bricq. Mais de son côté, la ministre suédoise s\'en réjouit, évoquant même un léger gain de croissance pour son pays....qui font rêver une économie déjà très solidePourtant, le pays est déjà l\'une des économies les plus solides de l\'Union européenne avec d\'excellents fondamentaux : peu d\'inflation, pas de risque lié à l\'euro, une dette faible, un déficit réduit qui a succédé à plusieurs années d\'excédents. L\'activité ralentit certes depuis 2012 où elle n\'a été que de 0,8 %, mais le pays a connu une vigoureuse croissance, une des plus fortes du continent, en 2010 et 2011 (avec 6,6 % et 3,7 %). De plus, la croissance du pays serait en hausse de 0,6% en 2013 selon le SCB, l\'institut statistique national, tandis que les analystes tablaient sur 0,3% en moyenne.Ce qui semble de bon augure pour atteindre les objectifs de Bruxelles qui table sur une croissance de 1,5% en 2013 et de 2,5% en 2014. Cette agréable augmentation serait surtout due à la hausse des stocks et à une consommation privée et publique plus forte que prévue. Mais la demande intérieure reste faible. Or, un accord de libre-échange permettrait aux Suédois, toujours selon les chiffres de la Commission, d\'augmenter leurs exportations de 17% et leurs importations de 15%.France du passé, Suède du futur ? C\'est pourquoi Stockholm paraît très emballé par le projet de partenariat transatlantique. Certes la discussion promet d\'être délicate, tant il existe de pierres d\'achoppement, convient la ministre suédoise. Pour commencer, l\'agriculture risque de faire l\'objet d\'un bras de fer. Sans parler de l\'exception culturelle. A cet égard, les députés européens ont voté le 23 mai une résolution excluant les services de contenus culturels et audiovisuels, y compris en ligne, du mandat de négociations. Une ligne rouge avant tout défendue par la France.Particulièrement préoccupé par le principe de neutralité technologique, Paris s\'inquiète des nouveaux canaux technologiques de diffusion et de consommation des oeuvres audiovisuelles telles que la VOD ( \"video on demand\", en français, vidéo à la demande). Mais sur ce point, la ministre suédoise trouve que la France devrait plus penser au futur qu\'à ces problèmes \"du présent\". La Suède semble d\'ailleurs beaucoup plus sensible à la question de l\'open data, du contrôle des données. \"C\'est un sujet très délicat\", qui intéresse également tout particulièrement les Américains, reconnaît la ministre.La France derrière et les autres devantEt la ministre suédoise d\'insister : \"il est \"dangereux que la France décide\" de la marche à suivre étant donné que l\'on ne sait pas encore quels nouveaux problèmes pourront surgir par la suite avec les nouvelles avancées technologiques. Pour l\'audiovisuel, \"nous avons à penser différemment pour le futur\", estime ainsi Ewa Björling. La ministre va même plus loin. Si Ewa Björling reconnaît que certains états se sont ralliés à la position française, elle estime néanmoins que Paris n\'a pas à imposer son choix à tous les autres états.Enfin, tout comme le Belge Karel de Gucht, la ministre suédoise pense \"qu\'il n\'est pas bon d\'avoir des lignes rouges avant le début des négociations\", qui selon elle, débuteront après l\'été. Des négociations qui promettent d\'être longues. Pour aller plus loin: l\'exception culturelle, un problème pour un accord de libre-échange américano-européen ?
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