Les manifestations en Turquie ont atteint "un niveau inquiétant" selon le président turc

 \"Les manifestations ont atteint un niveau inquiétant.\" Le président de la République turc, Mehmet Gül, s\'est montré préoccupé dans un communiqué en début d\'après-midi samedi devant l\'ampleur de la protestation qui secoue Istanbul pour la deuxième journée de suite. Un peu plus tard, le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a, pour la seconde fois de la journée, appelé les manifestants à cesser leurs actions. Il a reconnu que la police s\'était comportée de \"façon extrême\" face aux protestataires hier, et Mehmet Gül a appelé les forces de l\'ordre à \"la retenue.\" Parallèlement, le ministère britannique des Affaires étrangères a appelé ses ressortissants à éviter les manifestations. Le Quai d\'Orsay a fait de même peu après.\"Nous ne laisserons pas une minorité faire la loi\"Le pouvoir a tenu un discours ferme. \"Nous ne laisserons plus une minorité faire la loi. Nous voulons que les protestations soient arrêtées aussi vite que possible\", a indiqué le chef du parti islamiste AKP au pouvoir depuis 2002. Après une journée d\'émeute vendredi, de nouveaux incidents ont éclaté ce samedi entre manifestants et force de l\'ordre près de la place Taksim, dans le quartier de Beyoglu, au centre de la métropole du Bosphore. Samedi matin, les forces de l\'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les manifestants. En vain. Sur les réseaux sociaux, plusieurs témoins faisaient état, en milieu d\'après-midi de foules traversant le Bosphore pour rejoindre cette place. On signalait également des incidents dans la capitale politique du pays, Ankara.Signes d\'apaisementLe gouvernement semble vouloir jouer l\'apaisement samedi en fin d\'après-midi. Le premier ministre a annoncé renoncé à son projet de centre commercial sur la place Taksim, tandis que la police évacuait ladite place. Mais en fin d\'après-midi samedi, la place Taksim demeuraient occupée par une foule compacte réclamant la démission de Recep Tayyip Erdogan et des incidents éclataient aux alentours. Manifestations contre le déracinement de 600 arbresTout a commencé vendredi matin lorsque la police a voulu une première fois dégager la place Taksim de ses occupants. Ces manifestants protestaient depuis quatre jours contre un projet d\'aménagement urbain qui prévoyait le déracinement de plus de 600 arbres du parc Gezi qui occupe le centre de cette place. L\'intervention de la police a transformé ce mouvement jusqu\'ici pacifique en émeutes. Les manifestants ont été rapidement rejoints par des milliers d\'autres qui ont convergé de tous les quartiers de la ville.Protestations contre le gouvernementLe mouvement a alors pris une allure politique de protestations contre le gouvernement conservateur-islamiste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2002. La décision, vendredi midi, d\'un tribunal, de casser le projet d\'aménagement du parc Gezi n\'a donc pas freiné le mouvement qui a continué à prendre de l\'ampleur. On entendait sur place et sur les réseaux sociaux parler de « printemps turc » en référence au « printemps arabe » qui an en 2011 renversé les régimes autoritaires en Tunisie et en Egypte. Des manifestations ont même été enregistrées dans d\'autres villes de Turquie, quoique sans ampleur réel et des slogans très hostiles au gouvernement ont retenti autour de la place Taksim. Les affrontements ont été très violents, mais aucun bilan n\'a été fourni par les autorités. Amnesty International a compté une centaine de blessés, certains graves. 63 personnes ont été interpellées.Forte croissanceL\'AKP, le parti du premier ministre, domine largement la vie politique turque depuis 2002. Ce parti se veut « islamiste modéré », mais il a engagé une série de réforme de la très stricte laïcité en vigueur en Turquie depuis le régime de Mustafa Kemal. En économie, en revanche, l\'AKP est plutôt libéral et favorable aux milieux d\'affaires. La Turquie a connu ces dernières années, malgré un déficit courant chronique et une forte inflation, une très forte croissance (le FMI attend 3,4 % cette année, malgré le ralentissement mondial) et fait figure de très bon élève parmi les pays émergents. Mais comme en Suède récemment, la croissance ne semble pas un gage de calme et d\'ordre public.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.