Le cadeau équivoque des bas taux d'intérêt pour l'économie

Faire la promotion de « taux d'intérêt historiquement bas » pour vendre un crédit aux ménages ou un refinancement obligataire à une entreprise endettée, risque de perdre de son pouvoir de séduction. Depuis de longs mois, le prix de l'argent ne cesse de baisser dans les pays occidentaux, pour le plus grand profit des emprunteurs. L'État français, qui s'endettait à dix ans moyennant un taux de 4,8 % en juin 2008, lève aujourd'hui sans problème des milliards d'euros en payant un modeste 2,5 %. En juillet, le taux moyen des crédits accordés aux ménages a encore reculé, à 4,77 % contre 4,83 % le mois précédent, vient d'annoncer la Banque de France. Et le mois dernier aux États-Unis, le taux moyen d'un emprunt immobilier à taux fixe à 30 ans a atteint un record de faiblesse, à 4,42 %. La hausse du pouvoir d'achat des emprunteurs en phase de croissance anémique est évidemment une bonne nouvelle. Sans elle notamment, le marché immobilier français aurait dû affronter une profonde crise. Le bas prix de l'argent adoucit aussi le coût des plans de relance mondiaux. Au passage, les banques en profitent pour reconstituer leurs marges en ne répercutant à leurs clients qu'une partie de la baisse des taux de marché. Et en percevant les commissions liées aux levées de fonds qu'elles réalisent pour le compte des sociétés sur les marchés obligataires.risquesMais ces records ne font plus sourire tout le monde. Les banques centrales ne donnent aucun signe d'un prochain durcissement de leur politique monétaire et la baisse des taux d'intérêt à long terme n'est pas terminée, s'inquiètent un certain nombre d'économistes. Ils évoquent pêle-mêle un risque de bulle spéculative liée à un engouement excessif pour les emprunts d'État. Un réveil incontrôlé de l'inflation qui tuerait la reprise économique dans l'oeuf. Voire la menace de la « trappe à liquidit頻, situation dans laquelle la politique monétaire a perdu toute son efficacité. Un fléau qui accable le Japon depuis une bonne décennie, et qui explique la stérilité des multiples plans de relance de ce pays.
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