L'école publique essaie de rattraper le train du numérique

Qu'est devenu le « cartable numérique » tant promu au début du millénaire?? Las, près de dix ans après, l'équipement numérique des établissements scolaires français fait défaut. En cette période de rentrée des classes, Luc Chatel, le ministre de l'Éducation nationale, pourrait d'ailleurs profiter demain de sa visite dans les écoles de Chaumont (Haute-Marne), sur ses terres, pour annoncer le lancement d'une opération visant à accélérer l'équipement des collèges en « ENT » (espaces numériques de travail), réseaux numériques internes aux établissements. 320 classes de 6e de 64 collèges seraient concernées, soit 7.000 à 8.000 élèves. Les contenus seront financés par l'État, les équipements par 21 départements concernés.Pour autant, cet effort fait figure de goutte d'eau. Certes, les initiatives locales fleurissent ici et là depuis plusieurs années. Comme la Bretagne et l'Alsace, la région Midi-Pyrénées est pionnière. Les Landes ont généralisé en 2002 leur opération « Un collégien, un ordinateur portable », dont un bilan a été dressé fin août (voir graphique)?; le Cantal a mis 75.000 euros sur la table en 2008 pour équiper ses collèges d'un tableau blanc interactif (TBI) et développer les espaces numérique de travail?; l'Île-de-France a engagé en 2008 1,15 million d'euros pour équiper ses lycées de 300 tableaux supplémentaires? La Ville de Paris a, quant à elle, porté de 12 à 15 PC par classe l'objectif d'équipement des écoles primaires, soit à terme 8.500 ordinateurs. 111 collèges (presque tous) sont déjà pourvus de tableaux intéractifs et 7 vont expérimenter l'ENT à partir de cette rentrée. « L'investissement global de cette mandature (depuis 2008) est de 3 millions d'euros par an », explique Colombe Brossel, adjointe au maire de Paris en charge de la Réussite éducative.manque d'équipementMais globalement, la France fait pâle figure. Selon une étude de Bruxelles, elle pointe seulement au 10e rang européen en matière de taux d'équipement?; et au 21e en matière d'usage des technologies en classe. Certains établissements peinent même à faire passer le brevet informatique et Internet (B2i), pourtant obligatoire pour le brevet des collèges depuis 2008 et systématisé dans les lycée depuis 2006. Ils manquent d'équipement ou d'enseignants suffisamment formés. Pour ces derniers, le certificat informatique et Internet, ou C2i, n'a été généralisé qu'en 2007. Dans l'entourage de Luc Chatel, on insiste sur les efforts entrepris. Dans le plan de relance, 50 millions d'euros vont ainsi permettre d'équiper 5.000 écoles rurales. 1.000 projets d'ENT voient le jour en cette rentrée, et d'ici fin 2009, la France passera de 10.000 à 15.000 tableaux? Encore très loin des 450.000 en Grande-Bretagne.Pour accélérer le rattrapage, François Fillon vient de charger d'une mission le député maire UMP, Jean-Michel Fourgous, dont la commune d'Élancourt (Yvelines) est la seule à avoir équipé 100 % de ses classes de primaire de TBI. « Le numérique permet de lutter contre l'échec scolaire. C'est un outil de revalorisation du statut des enseignants », constate le parlementaire qui doit rendre son rapport fin décembre. Jean-Michel Fourgous compte notamment faire des préconisations concernant la formation des enseignants et la réforme du lycée. Il évalue un plan de rattrapage efficace à environ 1 milliard d'euros. n
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