Entre la Chine et la Syrie, c'est une question de pétrole, pas de principe

L\'opposition manifestée par la Chine, au Conseil de sécurité de l\'ONU, à une intervention militaire étrangère en Syrie, est officiellement motivée par la doctrine diplomatique de non-ingérence de la République populaire. Cependant, le véritable déterminant de la position chinoise n\'est pas politique, mais économique. Et il ne concerne pas la situation en Syrie même ; mais ses répercussions possibles sur la stabilité d\'une autre partie du Moyen-Orient.Une région déterminanteLe risque d\'une réaction de l\'Iran, fortement impliqué dans la crise syrienne, notamment à l\'encontre de son rival régional saoudien, constitue la principale crainte chinoise.Malgré les efforts de Beijing, depuis vingt ans, pour diversifier ses approvisionnements pétroliers - de la Russie au Venezuela, en passant par l\'Angola -, le Golfe Persique reste déterminant sur cette question, vitale pour le fonctionnement de l\'économie chinoise.En 2012, sur les 271 millions de tonnes de pétrole brut importées par la Chine, près de la moitié (130 millions de tonnes) sont venues de six pays (Arabie Saoudite, Oman, Iran, Irak, Koweït et Emirats Arabes Unis) riverains du Golfe Persique ou du Golfe d\'Oman.Dès lors, une crise susceptible de déstabiliser la région serait extrêmement préoccupante pour l\'économie chinoise. Le pays est en effet dépendant de l\'étranger pour 57% (en 2012) de sa consommation de pétrole, et pour le fonctionnement de l\'immense système logistique qui soutient son activité industrielle.>> Lire aussi : Une intervention en Syrie pourrait propulser le prix du pétrole à 150 $ le barilBientôt le premier importateur mondial de pétroleCette vulnérabilité d\'aujourd\'hui sera encore aggravée demain. Selon des prévisions de l\'Energy Information Administration (EIA) américaine publiées en août, la Chine devrait passer devant les États-Unis, pour devenir le premier importateur de pétrole mondial, dès 2014. Les projections des autorités chinoises, comme d\'observateurs étrangers, se rejoignent pour considérer que la dépendance aux importations pétrolières continuera à augmenter, pour atteindre près de 70% de ses besoins à l\'horizon 2020.Or le Moyen-Orient gardera un rôle déterminant dans la réponse à ces besoins chinois. PetroChina, le numéro un national de l\'extraction, est notamment sur le point de devenir le premier opérateur pétrolier en Irak, avec son engagement sur le champ pétrolier géant de Qurna, après ceux de Rumaila et Halfaya.Vers la fin de la non-intervention ?Malgré les discours officiels, la crise syrienne, loin de conforter la doctrine de non-ingérence chinoise, devrait au contraire accélérer sa reconsidération par Beijing.La Chine peut difficilement envisager de rester impuissante sur des questions étrangères devenues vitales pour le fonctionnement de son économie. Les partisans d\'un renforcement de la capacité chinoise de projection de force à l\'étranger y trouveront des arguments évidents.Le premier porte-avions et le premier avion de combat embarqué chinois (tous deux reconfigurés à partir de modèles russes, en attendant des appareils de conception nationale), qui ont commencé cette année leurs tests opérationnels, pourraient préfigurer une flotte capable de sécuriser les approvisionnements énergétiques de la Chine, dans quelques années.
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