Paris, tête de file de l'Europe dans la bataille des bonus

Union européenneLes grands argentiers européens réunis hier à Bruxelles ont joué les videurs de boîte de nuit face aux noceurs de la finance. « Les banquiers font la fête comme si nous étions en 1999, mais nous sommes en 2009 », a déclaré le ministre suédois des Finances, Anders Borg. « Nous devons mettre un terme à la culture des bonus et il faut y mettre fin à Pittsburgh », qui accueillera le G20 dans trois semaines pour mieux encadrer les marchés financiers.Les Vingt-Sept ont donc clairement affiché leur détermination à agir contre les primes mirobolantes accordées aux traders. L'opinion publique supportant de moins en moins le manque apparent de remise en question des banques, surtout celles ayant bénéficié d'argent public pour surmonter la crise. « Celle-ci a appelé les gouvernements à prendre des mesures exceptionnelles. La moindre des choses serait que les établissements financiers prennent aussi des mesures exceptionnelles », a jugé Christine Lagarde. Depuis le début de la crise, l'Union européenne a joué un rôle « pionnier » dans le cadre du G20 et la France entend se positionner en chef de file des Vingt-Sept. La ministre des Finances a exposé hier devant ses pairs la position de Paris : plafonnement des primes, pas de bonus garanti au-delà d'un an, une rémunération strictement liée à la performance, pas de bonus sans malus et sanctions contre les banques qui ne joueront pas le jeu.convaincre le g20Ces propositions ont été largement soutenues par ses partenaires européens, déterminés à encadrer « vigoureusement » les rémunérations. Dès lundi, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait donné son soutien à Nicolas Sarkozy et hier le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a assuré « appuyer tout à fait les propositions faites par la France » en vue du G20 de Pittsburgh. « Nous avons un accord complet au sein de l'Eurogroupe [16 ministres de la zone euro] et un accord très massif au sein de l'Ecofin [27 ministres européens] », a résumé Christine Lagarde à l'issue de la réunion. Une manière de dire sans les nommer que les Britanniques ne sont toujours pas « on board ». Le Royaume-Uni, qui abrite la première place financière européenne et qui entend bien la conserver, est « peu enthousiaste » à l'idée d'une limitation des bonus. Gordon Brown s'est engagé dans la presse à prendre des mesures pour réguler les primes mais il n'est pas prêt à un plafonnement, jugé « difficile dans un monde international ». Son chancelier de l'Échiquier, Alistair Darling, n'a pas pris part à la réunion à Bruxelles hier, se faisant remplacer par l'un de ses adjoints. Malgré ces réticences sur les modalités de régulation, la présidence suédoise a considéré que l'UE disposait désormais d'une position commune bien affirmée sur les bonus. Reste à convaincre le G20 : « Nous mettons beaucoup de pression sur l'autre côté de l'Atlantique », a assuré Anders Borg.Yann-Antony Noghès, à Bruxelle
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