Une taxe carbone mal préparée, mal ajustée, mal expliquée

Elle était LA mesure en matière de fiscalité écologique. La taxe carbone, officiellement nommée contribution climat énergie (CCE), aurait dû sonner le départ d'une nouvelle fiscalité destinée à alourdir les taxes des pollueurs et alléger parallèlement les charges pesant sur le travail.Le slogan lancé par Nicolas Sarkozy en 2007 avait fait mouche et ne rencontrait que peu d'opposants, y compris dans les rangs de la gauche écolo. À l'arrivée tout le monde fut déçu. La taxe carbone fut mal préparée, mal expliquée, mal abandonnée.Mal préparée car vivement débattue au sein du gouvernement et de sa majorité dont de nombreux éléments en refusaient le principe. La préparation de la loi de finances pour 2010 donna lieu à de nombreuses escarmouches entre les élus de la majorité qui sapèrent volontairement le projet. Munis d'un argument implacable : le candidat Sarkozy n'a pas été élu pour augmenter les impôts, fussent-ils verts. En coulisses, le Medef a donné son coup de griffe au projet. « C'est le Medef qui a planté la taxe carbone », lançait la secrétaire d'État à l'Écologie, Chantal Jouanno, dans le quotidien « Libération » en mars dernier.Mal abordée, la taxe carbone a aussi souffert d'une communication mal ajustée. En cause : la pédagogie de la réforme, laissée à des associations environnementales dont l'aptitude à communiquer sur la fiscalité n'est pas le point fort. La Fondation Nicolas Hulot ou encore les cadres de France Nature Environnement (FNE) ont multiplié les plateaux télé et les déclarations publiques pour défendre « leur » taxe verte. Était-ce vraiment leur rôle ? Ils n'ont, en tout cas, réussi qu'à nourrir le scepticisme des Français. Ces derniers ont en effet d'abord compris que la nouvelle « usine à gaz » concoctée par le gouvernement allait les frapper au porte-monnaie à chaque plein d'essence. Enfin, l'abandon de la taxe carbone a été mal négocié.Une fois la censure du Conseil constitutionnel tombée fin 2009, le gouvernement s'est en effet empressé de botter en touche. « Nous ferons une taxe carbone quand l'Europe la fera », a argumenté Nicolas Sarkozy. Imparable ! R. J.
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