Le sucre caracole de nouveau vers des sommets

Le sucre, un actif stratégique ? Vu de Picardie, où le ramassage des betteraves bat son plein, l'idée peut sembler saugrenue. Les producteurs de sucre français vivent dans un mécanisme créé pour gérer l'abondance : le système des quotas européens, qui encadre à la fois le niveau de production et le prix de vente. En Inde, en revanche, le gouvernement n'est pas certain de laisser sortir ne serait-ce qu'une infime partie de sa production cette année. Second producteur de sucre au monde derrière le Brésil, l'Inde est censée avoir eu une très bonne récolte cette année, estimée entre 25 et 27 millions de tonnes. Mais les données fiables sur l'état des récoltes de cet immense pays se font rares : les prévisions initiales du gouvernement ont été contredites par les faits ces deux dernières années. Le ministère de l'agriculture devrait annoncer d'ici la mi-novembre s'il autorise des exportations, et en quelle quantité. Comme les autres observateurs, le sous-continent indien, qui est aussi le premier consommateur de l'édulcorant au monde, scrute le marché avec inquiétude. Après deux années de déficit, on attendait en effet pour la campagne 2010/2011 un surplus important. Au fil des mois, la météo est venue contredire cette hypothèse. La canicule en Russie, les inondations au Pakistan, d'autres problèmes en Indonésie et en Chine auraient suffi à déboussoler les traders de sucre. En plus, « il y a eu des rumeurs sur la récolte brésilienne, qui pourrait s'interrompre plus tôt que prévu, ce qui a activé les tensions », explique Emmanuel Jayet, analyste sur les matières premières agricoles à la Société Généralecute; Générale. Le sud du Brésil a subi à la fois de très fortes pluies cet été, et une vague de sécheresse par la suite, qui risque d'avoir endommagé les cannes à sucre.Au final, « on est revenu exactement au même point qu'au début de l'année : on ne voit pas à quel horizon l'offre de sucre pourrait progresser, et pourquoi les prix pourraient se détendre » assure Emmanuel Jayet, qui a revu mardi ses prévisions de cours à la hausse.Sur les marchés, la fièvre est montée d'un cran. A New York, la livre de sucre roux, qui rend compte des exportations brésiliennes notamment, est revenue à un plus haut sur 29 ans à plus de 30 centimes la livre mardi. A Londres, la tonne de sucre blanc convoitée par les industriels a touché les 756 dollars par tonne. Les fluctuations énormes de l'édulcorant, passé de 450 dollars en mai dernier à 750 dollars, reflètent des tensions générales dans les matières premières agricoles. Selon la FAO, qui publie chaque mois un indice des prix alimentaires, les prix de l'alimentation sont revenus en octobre à un plus-haut sur deux ans, en raison de la hausse de la viande, des produits laitiers, des céréales et du sucre.
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