La volatilité des taux de change se nourrit des incertitudes

C'est le branle-bas de combat à l'approche de la réunion du G20 des 11 et 12 novembre et alors qu'en cette première semaine du mois on va assister à une moisson exceptionnelle de réunions de banques centrales sur fond de craintes pour la reprise économique. Lundi, les Etats-Unis ont appelé les grands pays émergents à faire un effort collectif pour permettre à leurs monnaies respectives de s'apprécier comme leur croissance économique le voudrait. « Quand les grandes économies avec des taux de change sous-évalués agissent pour empêcher leurs monnaies de s'apprécier, cela impose un ajustement d'une ampleur injuste aux autres pays qui ont un régime de taux de change plus souple » a lancé le sous-secrétaire au Trésor, Lael Brainard. La réponse du principal incriminé ne s'est pas fait attendre. La Chine, via un rapport de son ministère du Commerce, a mis en garde contre une course mondiale à l'affaiblissement des monnaies par des interventions des banques centrales qui pourraient menacer la reprise mondiale, pointant les risques de dépréciation supplémentaire du dollar. La course aux dévaluations compétitives a, en tout état de cause, un effet pervers redoutable : elle augmente la volatilité des taux de change, qui pèse sur l'efficacité des politiques monétaires. Un exemple: l'indice de la volatilité implicite à un mois sur la parité euro-dollar de JP Morgan se retrouve au plus haut depuis juin dernier, à 14,38%, chiffre à comparer à une moyenne de 10,48% depuis 1999, date du lancement de la monnaie unique. Et les incertitudes qui s'en nourrissent risquent de l'aggraver. D'autant que les décalages entre les politiques de la Réserve fédérale américaine et de la Banque centrale européenne sont appelés à se creuser au point de ressembler à un grand écart. La Fed va annoncer mercredi soir à l'issue de son conseil son nouveau programme d'assouplissement quantitatif (QE), qui devrait porter sur 500 milliards de dollars d'achats d'emprunts d'Etat sur six mois, reconductibles «si nécessaire», alors que le lendemain la BCE va maintenir le statu quo, tout en poursuivant sa lente et progressive stratégie de sortie de crise. Dès lundi, elle a d'ailleurs annoncé ne pas avoir acheté de titres de dette publique de la zone euro pour la troisième semaine consécutive, ce qui laisse penser que son programme se limitera aux 63,5 milliards d'euros acquis depuis son lancement en mai. Le QE2 de la Fed risque d'être d'autant plus dommageable pour le dollar, qui a refranchi hier mardi le seuil de 1,40 pour un euro, qu'elle est en train de griller ses dernières cartouches. Et ce n'est autre que Paul Volcker, l'un de ses plus illustres présidents, qui le dit: la politique monétaire américaine serait «proche des limites de ce qu'elle peut produire».
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