Les opérateurs immobiliers résistent assez bien au retournement du marché

CONSTRUCTIONLe retournement du marché immobilier a été spectaculaire. Mais les dégâts sont, à ce jour, bien moindres qu'en 1991-1993. À l'époque, la crise résultait des opérations hasardeuses des marchands de biens, qui se passaient les immeubles de bureaux au point de s'en brûler les doigts. En 2008-2009, à l'inverse, c'est la finance qui a contaminé l'immobilier ? à la nuance près que le logement, comme les bureaux, étaient au plus haut en termes de prix. Mais « le marché est resté sain, note le directeur général du Crédit Foncier, François Blancard. Il n'y a eu ni une surproduction de logements neufs comme en Espagne ni la spéculation des particuliers sur les taux d'intérêt qu'a connue la Grande-Bretagne, au point que la majorité des crédits hypothécaires à taux fixe étaient renégociés tous les trois ans ».programmes reconfigurésSi deux promoteurs de second rang (Celeos et Brun Habitat) ont déposé le bilan, la majorité a tenu le choc et réagi rapidement à la chute de la demande en renégociant le prix des terrains et en reconfigurant leurs programmes. « Les promoteurs ont appris à travailler en flux tendus et ne sont plus tributaires de préfinancements portés par des banques », explique Michel Mouillart, professeur à Paris X-Nanterre. De même, seuls 2 % à 3 % des 2.600 constructeurs de maisons individuelles ont disparu selon l'Union des maisons françaises. Les entreprises de bâtiment ont su préserver leur appareil de production, en se séparant d'intérimaires sans trop toucher à leurs salariés permanents. La réaction des pouvoirs publics (doublement du prêt à taux zéro dans le neuf, dispositif d'investissement locatif Scellier) pour soutenir la construction de logements neufs les a bien aidées.Les sociétés foncières, de leur côté, ne font pas d'allers-retours incessants et ont gelé les lancements d'immeubles où le risque ne peut être partagé avec un investisseur. Le secteur n'en a pas moins des craintes?: vu la hausse du chômage, certaines entreprises vont libérer des mètres carrés et renégocier leurs loyers, tandis que le pouvoir d'achat des ménages, contraint, pourrait peser sur la fréquentation des centres commerciaux.mises en liquidationSi les entreprises ont résisté, la casse sociale est importante. Bouygues Immobilier, Nexity et Kaufman & Broadroad ont supprimé des postes. La Fédération française du bâtiment estime à 50.000 les pertes d'emplois en 2009 et en craint 30.000 en 2010. Selon le Conseil supérieur du notariat, les effectifs des offices sont tombés de près de 55.000 au 1er janvier 2008 à 47.000 au 1er juin 2009. La Fnaim déplore, de son côté, 600 mises en redressement judiciaire ou en liquidation d'agences au premier semestre. Faute de statistiques, l'essentiel des négociateurs étant des agents commerciaux non inscrits au chômage, le président de l'École supérieure des professions immobilières, Henry Buzy-Cazaux, estime que 30.000, sur les 150.000 qui intervenaient dans la transaction, ont perdu leur emploi. Sophie Sanchez
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