Nomura ne croit pas à l'exode de ses banquiers

Un an et demi après avoir racheté les activités européennes et asiatiques de Lehman Brothers, la banque japonaise Nomura va bientôt savoir si l'opération se révèle être un succès. À la fin du mois de mars sera payée aux meilleurs banquiers la seconde année de leurs bonus garantis. Lors de la reprise de Lehman Brothers, Nomura avait assuré à 30 % d'entre eux, soit une trentaine de personnes, une prime inchangée sur un an, et à 10 % sur deux ans. L'objectif était de les convaincre de rester à bord pour éviter une fuite des talents. Ainsi, pour 2008, ces « happy few » ont reçu le même bonus qu'en 2007, année phare dans la finance, et payé à 70 % en cash. Pour 2009, ils recevront d'ici un mois l'essentiel d'une enveloppe globale pour leurs rémunérations variables, qui n'aura pas changé par rapport à 2007 mais qui pourra être différente selon les individus. Le reliquat devrait être distribué en octobre prochain. Les bonus seront versés au maximum à 40 % en actions, alors que les préconisations du G20 recommandaient en moyenne 50 %, mais Nomura n'a pas eu besoin d'aides publiques pour traverser la crise.La garantie sur deux ans arrivant à son terme dans un mois, tous les cabinets de recrutement se préparent à « chasser » chez Nomura et s'attendent, depuis plusieurs mois, à plusieurs départs. « Personne chez Nomura ne refuse de regarder la proposition d'une autre banque qui l'approche », illustre un chasseur de têtes. Pour autant, « ce ne sera pas un exode massif car, pour partir, il faut trouver un point de chute, ce qui n'est pas évident en ce moment », ironise un autre recruteur proche de la banque japonaise.« aucun sens »Quoi qu'il en soit, chez Nomura, ces conjectures inquiètent moins qu'elles n'agacent. « Ces détracteurs avaient déjà dit cela il y a deux ans, puis l'an dernier, et tout cela en pure perte. Cette polémique n'a aucun sens », rétorque Jérôme Calvet, coprésident de Nomura en France.Pourtant, les avis extérieurs sur les affaires de la banque restent encore mitigés. Nomura est troisième parmi les courtiers actions sur le CAC 40, deuxième en recherche en Europe et leader dans les transactions à la Bourse de Londres. Mais en conseil, les mandats peinent encore à décoller dans un marché il est vrai peu porteur. « Les activités de marché fonctionnent bien même si la banque d'affaires est encore un peu à la traîne », résument plusieurs sources proches de la banque. À cela, la réplique de Jérôme Calvet est directe. « Nous recrutons et faisons aujourd'hui mieux en Europe dans beaucoup de disciplines que Lehman Brothers n'avait jamais fait. Nous nous développons également aux États-Unis. » En tout cas, « Nomura est tourné vers l'avenir avec un moral de challenger », conclut-il. Le « syndrome Merrill Lynch » - beaucoup de départs ont eu lieu après son rachat par Bank of America - pourrait donc épargner la banque japonaise.Matthieu Pechberty« Nous recrutons et faisons aujourd'hui mieux en Europe dans beaucoup de disciplines que Lehman Brothers n'avait jamais fait. » Jérôme Calvet.
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