Osons revisiter les fondements de l'agriculture

Rarement un Salon de l'agriculture aura ouvert ses portes dans un contexte économique aussi préoccupant pour l'agriculture. Nombre de clignotants sont au rouge. Revenu agricole moyen en baisse de 34 % en 2009, après une chute de 20 % en 2008. La chute atteint 50 % pour les producteurs de céréales, de fruits et les éleveurs laitiers. Dépenses alimentaires des Français qui se contractent en 2009, avec des difficultés considérables pour les ménages les plus modestes. Excédent de la balance commerciale agroalimentaire française en chute libre de plus de 40 % par rapport à 2008, reléguant la France au troisième rang des pays exportateurs en Europe.Au-delà de leur dimension conjoncturelle, ces chiffres nous interpellent plus globalement sur la compétitivité de l'agriculture française. Pourquoi un tel recul ?Nous avons lancé une étude comparée des coûts de production par filière entre les différents pays européens, dont les premiers résultats sont attendus cet été. Il s'agit d'identifier les facteurs de compétitivité et les distorsions de concurrence qui résulteraient d'un cadre européen insuffisamment harmonisé ou de décisions nationales. De nouvelles obligations peuvent partir d'un bon sentiment - Grenelle de l'environnement - mais elles pèsent lourdement sur les résultats des exploitations.Au-delà de ce diagnostic en cours, nos experts de terrain mesurent un éclatement des modèles de production, avec une diversité et une complexité croissantes des exploitations agricoles. Dans ce contexte, nous devons plus que jamais accompagner les agriculteurs en proximité pour les aider à faire les bons choix avec des services plus performants. C'est tout l'enjeu de notre réforme ambitieuse « Terres d'Avenir », qui doit nous permettre de réorganiser nos compétences pour les mobiliser là où l'agriculture et la forêt en ont vraiment besoin. Enfin, cette exigence sur la gestion optimisée des exploitations agricoles doit s'appuyer sur deux autres piliers indispensables à la performance de l'agriculture. Je veux parler des politiques publiques - Politique agricole commune (PAC) et politique de recherche - et de la confiance des consommateurs.Sur la PAC, réaffirmons la modernité et l'efficacité des outils de régulation des marchés. Travaillons à rendre compréhensibles les soutiens et pour cela, proposons une approche décloisonnée qui permette de répondre aux enjeux alimentaires, environnementaux et territoriaux que seule une agriculture performante sera à même de relever. Reconsidérons également les politiques contractuelles, qui doivent permettre d'unir solidairement et volontairement les différents maillons de la chaîne alimentaire, du producteur au distributeur, ce qui n'est pas le cas à ce jour. Impulsons un nouveau souffle à la politique de recherche et développement en agriculture. Mobilisons tous les acteurs de la recherche à partir d'une commande publique clarifiée, et valorisons la capacité d'innovation des agriculteurs. Enfin, et en cette semaine si particulière pour l'agriculture, n'ayons de cesse de cultiver ce lien profond et intime qui unit les Français à l'agriculture. La relation a évolué, les attentes réciproques s'expriment davantage. Mais la foule qui parcourt les allées du Salon de l'agriculture et le sourire des agriculteurs venus exposer le fruit de leur travail attestent d'un attachement profond. Cultivons cette confiance qui demeure un atout incontournable pour la performance de l'agriculture et des territoires de notre pays. ? Point de vue Gut Vasseur Président des chambres d'agriculture
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.