La dauphine de Lula favorite pour la présidentielle brésilienne

En élisant un ouvrier à la présidence de la République, vous avez brisé un préjugé. Vous allez maintenant en abattre un deuxième en élisant, pour la première fois, une femme. » Il y a quelques jours, c'est en ces termes que le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva présentait, dans un meeting, sa candidate, Dilma Rousseff. Une victoire de sa dauphine serait, selon lui, un progrès immense dans un pays machiste. « C'est aux femmes maintenant ! » reprend d'ailleurs le clip électoral de la candidate, sur un rythme de samba. On en oublierait presque la véritable anomalie du scrutin : le Brésil se réveillera peut-être ce lundi avec un chef d'État inconnu du grand public... Technocrate respectée - c'est une spécialiste des questions énergétiques, et c'est à ce titre qu'elle est entrée dans l'équipe de Lula en 2003 - Dilma a aussi un passé de « guerillera ». Étudiante à la fin des années 1960, elle a adhéré à la lutte armée contre la dictature, plongeant dans la clandestinité. On la connaît alors sous son nom de guerre : « Vanda ». Elle a payé cet engagement de trois ans de prison. L'opposition s'est empressée de rappeler ce passé de « terroriste », susceptible d'effrayer la classe moyenne.Femme, mêlée aux armes et sans charisme : de quoi laisser espérer une victoire à son adversaire, l'ex-gouverneur de São Paulo, José Serra. C'est d'ailleurs ce que prédisaient les sondages, fin 2009. « Nous avons sous-évalué la capacité de transfert de popularité de Lula », reconnaît aujourd'hui Marcus Figuereido, politologue à l'université d'État de Rio de Janeiro. Dès le mois de juin, Dilma Rousseff rejoint José Serra dans les intentions de vote. En août, avec le lancement de la campagne à la télévision, elle explose, distançant son adversaire de 25 points. PrudenceÀ deux semaines du scrutin, un scandale freine l'élan. Erenice Guerra, ex-bras droit de Dilma Rousseff, à laquelle elle a succédé au poste de chef de la Maison Civile - équivalent au poste de Premier ministre - démissionne, soupçonnée de trafic d'influence. Mais le débat sur l'éthique qui s'ensuit ne profite pas à Serra : c'est Marina Silva, la candidate des Verts, en troisième position, qui récupère des voix de la favorite. Les dommages ont pourtant été limités. Les derniers sondages créditaient Dilma Rousseff de 53 % des intentions de vote, lui donnant la victoire dès le premier tour. Les marges d'erreur appellent cependant à la prudence. D'ailleurs, même Lula n'a pu se passer d'un second tour...
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