La Grèce, cheval de Troie de la Chine en Europe

Achats d'obligations à long terme quand l'État grec émettra de nouveau sur ce créneau, lancement d'un fonds de 5 milliards de dollars pour faciliter l'acquisition, par les armateurs grecs, de navires chinois, établissement d'un centre de recherche chinois dans le port du Pirée pour réduire les émissions de gaz à effets de serre de la marine marchande : la Chine n'a pas lésiné sur les promesses, à l'occasion de la visite de son Premier ministre, Wen Jiabao, ce week-end à Athènes. Certes, Pékin a les moyens de sa politique. Friande de papier obligataire, qu'elle utilise pour placer les énormes excédents de liquidés que lui rapporte son commerce avec ses partenaires, la Chine peut largement s'engager à acheter des obligations du Trésor grec, qui seront sans doute émises en 2011. Pour l'heure, la Grèce, qui se remet à peine d'une grave crise sur sa dette, ne peut émettre qu'à trois mois. De même, les investissements au Pirée ont du sens, puisque l'ex-empire du Milieu et la Grèce ont annoncé leur intention de doubler, d'ici 2015, leurs échanges commerciaux, pour les passer à 8 milliards de dollars au total. Le Pirée pourrait devenir le point d'entrée pour les marchandises chinoises en Europe.Stimuler les investissements Enfin, il est logique que la Chine cherche, par d'autres accords cadres, à accroître ses investissements en Grèce, ainsi qu'à améliorer son accès à la technologie, à une ressource telle que le marbre, ou encore à favoriser le tourisme chinois sur place. La Grèce, qui a vu fondre les investissements étrangers de 6,9 milliards d'euros en 2006 à 4,5 milliards en 2009, ne peut que se réjouir. Mais certains veulent y voir plus que l'exploitation, de la part de la Chine, de simples opportunités économiques. Ils estiment qu'il s'agit même plus que d'une simple stratégie, utilisée par les autorités chinoises dans bien d'autres pays, et reposant sur une générosité susceptible de s'attirer les bonnes grâces de nouveaux « amis ». Aider la Grèce en difficulté, en particulier au point de vue de ses emprunts obligataires, est, aux yeux de Pékin, une façon habile de tenter de désamorcer la bombe du taux de change. Les critiques sont unanimes, en Europe comme aux États-Unis : en refusant de réévaluer franchement sa monnaie, la Chine offre à ses exportateurs un avantage de taille pour inonder les marchés occidentaux de ses produits. Mais les Américains sont les plus offensifs sur cette question. Du coup, en amadouant d'abord la Grèce, et par là même, tous les Européens, la Chine peut espérer diviser le front commun. Le Premier ministre chinois aura de nombreuses occasions de faire valoir sa volonté de coopérer avec l'Europe. Wen Jiabao a déjà tenu à souligner qu'il soutenait un euro stable. Sa visite à Athènes n'est que la première étape d'un périple de neuf jours, de Bruxelles (où il assistera à deux sommets, l'un Asie-Europe, l'autre UE-Chine) à l'Italie, en passant par la Turquie. Lysiane J. Baudu
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